En France, le chevalier de Ramsay rédigea un « Discours » dans lequel il faisait remonter la franc-maçonnerie à l’ordre des Templiers mais ne parlait pas des rose-croix. La supposition de Ramsay influença la création de hauts-grades dans la franc-maçonnerie. Le grade de rose-croix eut un immense succès. Bayard prétend qu’il émanait d’authentiques rose-croix qui « noyautaient » les hauts-grades. A la fin du XVIIIè, des initiés mirent de l’ordre dans la franc-maçonnerie chevaleresque qu’on appelait écossisme. Il s’en dégagea deux rites parallèles, le Rite Ecossais rectifié, surtout répondu en Europe centrale, où l’influence des rose-croix d’or est indéniable et le rite écossais Ancien et Accepté pratiqué en France. Le Rite Ecossais Rectifié n’avait pourtant pas de grade rose-croix. A la fin de la Révolution se créa l’Ordre des Illuminés d’Avignon. Son animateur fut l’abbé Pernéty. Il créa un Ordre maçonnique directement inspiré par la rose-croix. Pernéty naît à Roanne le 13/2/1716. Il est le neveu d’un chanoine de Lyon. En 1732, il prononce ses vœux de bénédictin. En 1754, il traduit un énorme Traité de mathématiques et publie un Manuel bénédictin. Il rédige un dictionnaire des arts et rassemble un herbier. Il s’enthousiasme pour les doctrines hermétiques, la kabbale, l’alchimie. En 1758, paraît son dictionnaire mytho-hermétique puis les Fables égyptiennes et grecques dévoilées. Pour échapper à une probable censure, Pernéty part, en 1763, en qualité d’aumônier, avec Bougainville, pour l’expédition des Iles Malouines. Il publie le récit de ce voyage. En 1705 il quitte l’Eglise et se réfugie à Avignon. Il s’ affilie aux loges maçonniques du Comtat. En 1738, le pape Clément XII décrète l’excommunication des francs-maçons mais la bulle In Eminenti est sans effet en France. Bravant l’Inquisition, Pernéty fonde au sein des « sectateurs de la vertu », le Rite hermétique ou des Illuminés d’Avignon ou rite de Pernéty. Il comprenait les trois grades de base plus des hauts-grades inspirés des rose-croix : vrai maçon, vrai maçon de la voie droite, chevalier des Argonautes, chevalier de la Toison d’or. Bientôt la hiérarchie fut complétée par le grade des chevaliers du Soleil. Inspiré par l’alchimie. Poursuivi l’Eglise, Pernéty se réfugie en Prusse où le roi Frédéric II le nomme conservateur de la bibliothèque de Berlin, membre de l’Académie royale et lui octroie le bénéfice d’une abbaye de Thuringe. A Berlin, l’ancien bénédictin découvre l’œuvre de Swedenborg. Il traduit les Merveilles du ciel et de l’Enfer de William Blake. Frédéric II en prend ombrage et Pernéty doit quitter la Prusse en 1783. Il se fixe à Valence. En adversité avec le GODF se crée une maçonnerie inspirée des vers d’or de Pythagore : les Sublimes Maîtres de l’anneau lumineux. L’Inquisition perd son autorité. La maçonnerie est hébergée dans le Comtat. Le Rite hermétique prend un essor considérable. Le comte Thadée Lesczy Gabrianka avait rêvé de conquérir la Palestine puis de se faire élire roi de Pologne et apporta aux Illuminés d’Avignon le secret de la Sainte Parole qu’il tenait d’un mystérieux adepte connu sous le nomen mysticum d’Elie Artiste. La Sainte Parole était un moyen de communication avec les anges. D’une manière générale, les idées de Pernéty sont celles de Swedenborg. Il croit en un dieu unique enfermant en lui la divine Trinité. Il croit aux anges, esprits célestes, intermédiaires entre le ciel et l’homme, l’initiation conférant le pouvoir de communiquer directement avec les anges. Mais il différait de Swedenborg car il vouait un culte à la vierge Marie. Cela choque Gabrianka qui cré sa dissidence : le Nouvel Israël. Le Comtat fut intégré à la France en 1791. La Convention interdit les réunions maçonniques. Pernéty fut emprisonné en 1793 et mourut en 1796. Il ne reste plus du Rite hermétique que le 28 è degré, celui de chevalier du Soleil, au Rite Ecossais Ancien et Accepté.
L’ordre maçonnique des Princes de Merci
La franc-maçonnerie écossaise comporte 33 grades mais l’initié passe directement du 18è au 30è donc le 26è intitulé prince de Merci n’est plus qu’un souvenir. Les opérations du Grand Œuvre y sont évoquées en mode sensible. Ce rituel devait laisser au candidat une impression durable l’obligeant à réfléchir sur une certaine conception de l’Homme, du cosmos et du ciel. Tout en ce grade offre l’emblème de la Trinité, de la science de la chimie minérale dont Hermès fut le fondateur. Démontrer que le bien et le mal ne sont que les accords et les discordances dont la réunion fait l’Harmonie universelle est le but de ce degré. Il fait battre en brèche tout privilège, tout monopole, toute division fondée sur la naissance, la position ou la richesse pour parvenir à leur abolition, à l’égalité sociale et à la substitution de l’esprit maçonnique à l’esprit de classe. L’invocation hermétique des Princes de Merci est l’appel à la Vérité qui fut et demeure la loi suprême du sage initié. La loge, qui se nomme 3è ciel, sera tendue de vert et décorée de 9 colonnes dont une blanche et une rouge alternativement. Il y aura, à chaque colonne, un bras portant 9 étoiles, ce qui fera le nombre de 81. Le Président s’appelle Prince Excellent. Au dessus de lui se trouve un dais tricolore, vert, blanc et rouge. Devant lui, sur la table est étendu un tapis de la même couleur. Sur sa table sera une statue de femme nue représentant la vérité, une flamme sortira de sa tête, elle tiendra un miroir de sa main gauche, la droite sera élevée vers le cœur tenant un triangle d’or. La statue sera couverte d’une voile tricolore comme le tapis. Le piédestal supportant la statue sera triangulaire et creux pour qu’il contienne un tiroir dans lequel se trouvera un livre triangulaire couvert d’une enveloppe tricolore comme le tapis. Ce livre, qui est le livre de la vérité renfermera l’explication de tous les emblèmes du grade. Il y aura sur la table une flèche longue de 3 pieds. Le bois sera blanc et les ailes vertes et rouges. La pointe sera d’or. Le Président porte une tunique tricolore et une couronne entourée de 3X3 pointes de flèches d’or et il tient à la main une flèche qui lui tient lieu de maillet. L’habillement de tous les autres frères consiste en un tablier rouge, un triangle blanc et vert garnit le milieu. Chacun porte un cordon tricolore, blanc, rouge et vert en sautoir à l’extrémité duquel est suspendu un grand triangle équilatéral en or. Le Président se nomme Rince Excellent et les surveillants, 1er et 2è excellents. Tous les frères ont le titre de Très excellent. La batterie est de 15 coups. L’âge maçonnique est 81 ans. Le néophyte, ayant les yeux bandés, et étant arrivé à l’entrée du Troisième ciel, frappe à la porte cinq coups lents, trois précipités, un lent. Puis il fait neuf pas en serpentant. On fixe sur les épaules du candidat des ailes en forme de rame et on lui met dans les mains les manches de ces ailes qui se croisent devant la poitrine, de sorte qu’il puisse les faire mouvoir aisément. On avance un gradin qui doit avoir neuf marches et être au moins haut de cinq pieds et on le place entre les frères 1er et 2è excellents, les marches tournées du côté de la porte d’entrée. Quand le néophyte a monté les neuf degrés du gradin, sans quitter la manche de ses ailes, le sacrificateur le laisse seul en lui disant tout bas d’attendre l’ordre du maître. Si l’intention du néophyte est de continuer, il répond « oui » à la question de savoir s’il veut faire son 1er voyage, le Prince excellent lui donne le signal de départ, qui sera trois claquement de main. Au 3è coup le candidat doit sauter et au-dessous de lui se trouve une bonne couverture de laine tendue par six frères pour que la chute du candidat soit freinée. Après cette épreuve, on le débarrasse de ses ailes. Le Prince excellent lui dit qu’il atteint le firmament du 1er ciel. Puis le néophyte monte une échelle de trois échelons. Ainsi il atteint le 2è ciel. Il doit prononcer le nom des trois colonnes du grade de rose-croix (Foi, Espérance et Charité) en montant. Arrivé en haut d l’échelle, on approche une cire allumée de la main du néophyte pour lui faire comprendre qu’il a atteint la chaleur des étoiles. Puis on lui fait boire l’éther du 2è ciel (un verre plein de mousse de savon). Ensuite on le repose sur le plancher. Le 3è voyage consiste pour le Frère sacrificateur à saisir à saisir le néophyte par le milieu du corps, le balancer comme pour le précipiter et à le remettre sur ses pieds. Quand le néophyte a atteint le 3è ciel, le Prince excellent tire un coup de pistolet et le Frère sacrificateur enlève le bandeau du néophyte et lui fait faire trois fois le tour du Triangle emblématique. On lui explique les figures se trouvant sur le tableau de loge. Un bûcher allumé, un bras armé d’un grand coutelas, un ange dans un nuage rappelait le sacrifice d’Abraham ; une grande croix, une lance, une couronne d’épines, ces figures rappellent la Passion du christ ; une arche d’alliance, des tables de la Loi, un encensoir, ces trois figures rappellent la manifestation du Seigneur à Moise ; une figure au mercure, un réchaud surmonté d’un creuset, un lingot d’or, ces figures rappellent le principe, l’argent et le produit du Grand Œuvre ; un flambeau ardent, un globe tournant sur son axe, un triangle équilatéral d’or, ces trois figures sont l’emblème du feu central qui anime tout ce qui existe, du mouvement imprimé à l’univers et duquel résulte l’harmonie éternelle et enfin, du Créateur de toutes choses. On apprend au néophyte que les Frères du grade savent fabriquer de l’or et qu’il va apprendre. Quand la somme de trois millions est atteinte, le plus ancien des frères part avec l’or dans un pays lointain pour jouir de sa fortune. Puis le frère gardien sacré enlève le voile de la Statue et la montre au néophyte. Le Prince excellent lui demande s’il sait ce qu’elle représente. Alors le Prince excellent prend le livre triangulaire et en lit un passage au nouvel initié. Il l’informe que les princes de Merci ne passent pas leur vie à fabriquer de l’or et qu’il faut trouver la force de supporter sa destinée, le courage de se plier à sa condition, d’en être satisfait. Enfin, le Prince excellent fait approcher le candidat de l’autel, lui fait poser un genou à terre et le constitue Prince de Merci en frappant 16 coups sur sa flèche avec une autre flèche.
3è partie
La rose-croix à la fin du XIXè siècle
Selon Bayard, jusqu’aux premières décades du XIXè siècle, la rose-croix brille dans toute l’Europe, particulièrement en Scandinavie et dans les Etats du Saint Empire. Puis obéissant à son destin cyclique, elle s’éclipse. Il reste quelques conventicules cachés sous des hauts grades de la franc-maçonnerie écossaise. Vers 1865, à Londres, se manifeste la Societas Rosicruciana in Anglia dont le 1er imperator connu fut le baronet Edward Bulwer Lytton (Bayard se trompe car Bulwer Lytton a été nommé imperator d’honneur mais il a refusé ce titre). Il fut le mécène du mage français Eliphas Levi. La SRIA existe toujours. Le nombre de ses membres, tous maîtres maçons est limité à 72. On affirme que maintenant, ils se bornent à des recherches historiques et délaissent les « opérations » alchimiques ou magiques. Aux alentours de 1885, en France, la rose-croix reprit, sous des formes nouvelles, force et vigueur. Guaïta prit la tête de la rose-croix en 1887. A cette époque, les matérialistes étaient au pouvoir partout et voyaient leurs idées accueillies avec frénésie par une jeunesse avide de jouissance et de pouvoir. Les spiritualistes étaient composés en majeure partie de spirites nombreux et fervents mais divisés et impossibles à discipliner. En France, il y avait la franc-maçonnerie mais la section spiritualiste était presque entièrement en sommeil par suite de tendances politiques. Du côté des Illuminés se trouvaient des groupes épars organisés par Eliphas Lévi et des fils spirituels de Jean-Baptiste Willermoz et de Swedenborg. Saint-Yves d’Alveydre avait inspiré Guaïta. D’Alveydre en insistant sur la tradition chrétienne sacrifiée à la tradition païenne, fut le maître spirituel de la génération des kabbalistes de cette époque. Issu d’une illustre lignée florentine établie en Lorraine depuis plusieurs générations, Stanislas de Guaïta vint très tôt à Paris, où il fut apprécié comme poète mineur dans quelques cénacles littéraires. Il lut le « Vice suprême » (1884) de Joséphin Péladan préfacé par Barbey d’Aurevilly. Cette approche de la tradition ésotérique lui fut une révélation. Il lut les classiques de l’occultisme dont ceux de la rose-croix. Il fut aidé par Oswald Wirth. L’essentiel du message ésotérique, rosicrucien, de Stanislas de Guaïta est exprimé dans les trois tomes des « Essais de sciences maudites » : d’abord « Le Temple de Satan », étude de la magie noire, considérée comme la mise en œuvre, par et pour le Mal, de forces mystérieuses de la nature. Ensuite, dans la « Clef de la magie noire », Guaïta étudia la puissance de l’action des forces dont Satan dispute la maîtrise au Seigeur de Lumière. « Le Problème du mal » est une œuvre inachevée. En 1888, il fonda l’Ordre Kabbalistique de la rose-croix, dirigé par un Suprême conseil composé de douze membres ; six restant rigoureusement inconnus, et six autres seulement étant connus : Papus, Baret, Péladan, Paul Adam, Gabal, Thoron, Guaïta président. Plus tard ce suprême conseil comprit Mac Haven, l’abbé Alta, Paul Sédir, Augustin Chaboseau. Le signe distinctif des membres du suprême conseil est la lettre hébraïque Aleph. Outre ce degré supérieur, il en existe deux autres où est donnée l’initiation. La Kabbale et l’occultisme sont enseignés. L’ordre kabbalistique de la rose-croix conférait des grades d’université libre. Il décerna aussi quelques titres de docteur. LE 1er examen était sanctionné par le titre de « bachelier en Kabbale » ; le 2è, par celui de « licencié en Kabbale ». Enfin, un 3è examen était sanctionné par une soutenance de thèse de doctorat. Le 1er examen portait sur l’histoire générale de la tradition occidentale, particulièrement sur la rose-croix, sur la connaissance des lettres hébraïques, de leur forme, de leur nom et de leur symbolisme. Le 2è examen avait trait à : l’histoire générale de la tradition religieuse au cours des âges, en insistant particulièrement sur l’unité du dogme à travers la multiplicité des symboles, la connaissance des mots hébraïques quant à leur constitution.
Paul Adam fut l’auteur d’œuvres naturalistes comme « chair molle » (1885) ou « Les demoiselles Goubert » (1886) et d’œuvres d’anticipation qui avaient ouvert la voie de la science-fiction comme « La Force » (1889) ou « Le soleil de juillet » (1903). Paul Sédir, de son vrai nom Yvon Le Loup, naquit à Dinan, le 2/1/1871. Il fut employé à la Banque de France. Il fit connaissance de Papus et de Guaïta. Il publia de nombreux opuscules et des articles puis il se convertit au catholicisme et fit des conférences. Il créa un mouvement chrétien indépendant, « Les Amitiés spirituelles ».
Papus est le pseudonyme du docteur Gérard Encausse (1865-1916). Il fut le fondateur de l’Ordre martiniste et écrivit de nombreux ouvrages consacrés aux hautes sciences dont le « Traité méthodique de science occulte ». Il fut le conseiller du tsar Nicolas II qu’il initia au martinisme. Il fut disciple de Monsieur Philippe, le mage de Lyon. L’Ordre kabbalistique de la rose-croix mena simultanément une action occulte en vue de préserver la civilisation judéo-chrétienne, et une action diffusante au cœur d’un public de profanes, mais curieux de sciences occultes. Grâce à la revue L’Initiation, la rose-croix kabbalistique réédita et analysa des classiques de l’art royal : Eliphas Lévi, Fabre d’Olivet, Swedenborg, Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint Martin pour ne citer que les principaux.
Joséphin Peladan (1859-1918) avait été un des fondateurs de l’ordre de la rose-croix de Guaïta. Il se retourna contre Guaïta. Il s’attribua le hiéronyme de Sâr Merodak qu’il avait tenu par consécration « astrale » des mages de Chaldée. Il a laissé une abondante série de romans et d’essais groupés dans un Amphitéâtre des sciences mortes. Il quitta la rose-croix de Guaïta pour créer en 1890 la rose-croix esthétique. Parmi les dirigeants de ce nouvel ordre se trouvaient Elémit Bourges (1853-1915) et St Pol Roux. Bourges était membre fondateur de l’Académie Goncourt. Il avait publié La Nef qu’il mit 34 ans à écrire/ Saint Pol Roux, dit le Magnifique était l’auteur du livret de Louise que Charpentier mit en musique. Il fut proclamé par les surréalistes comme un de leur précurseurs. La Dame à la faux est son œuvre maîtresse.
Erik Satie fut disciple de Peladan. Peladan organisa, à la galerie Durand-Ruel, le Salon de la Rose-Croix qui fut un événement bien parisien. Après le schisme de Péladan, la rose-croix de Guaïta excommunia Péladan le 5/8/1891.
Bayard évoque l’ordre peu connu de la Fraternité hermétique de Louxor qui apparut à Boston vers 1880 et entra en lutte avec les groupes spirites se réclamant d’Allan Kardec puis avec les dirigeants de la Société Théosophique. Association très secrète, la Fraternité hermétique de Louxor existe toujours, compte peu d’adeptes et son état major réside actuellement à Zurich. Elle est puissamment hiérarchisée. Son enseignement oral ou par correspondance, est donné par degrés, et exige un intense travail personnel. La lecture et la méditation d’ouvrages recommandés constituent une propédeutique. Il y avait notamment Ghostland de Hardinge Britten traduit en français sous le titre « Au pays des esprits ». La Fraternité hermétique assurait son recrutement par l’astrologie. Le premier secrétaire général en fut l’Ecossais T.H. Bugoyne et le grand maître visible, un Etats-unien, Peter Davidson, que Papus nomme « l’un des plus remarquables parmi les adeptes occidentaux. Papus fut l’un des agents de cette société.
The Golden Dawn (l’Aube d’or) Pauwels et Bergier, dans le Matin des magiciens, ont révélé le rôle joué par la Golden Dawn. Ils démontrent que ce groupe ésotérique fut le « laboratoire où s’élaborèrent certaines des mutations essentielles de notre époque. Bayard prétend que la Golden Dawn prépara l’achèvement du nazisme, moins dans ses thèmes politiques que dans ses constantes psycho-sociologiques. En 1887, trois membres de la Societas Rosicruciana in Anglia entrèrent en relation avec une adepte berlinoise, Anna Sprengel, qui leur communiqua une initiation particulière aisni que des rituels de magie. C’est ainsi que s’implanta en Grande-Bretagne la Golden Dawn dirigée par Woodman, Westcot et Mathers. La Golden Dawn recrute parmi les érudits, les artistes, l’establishment et la gentry. Un temple existait à Paris, avenue Mozart, le temple Ahator. La Golden Dawn est hiérarchisée en onze degrés ou grades en trois classes :
1ère classe : néophyte, zelator, Theroicus, Particus, Philosophus
2è classe : Adeptus minor, Adeptus major, Adeptus exemptus
3è classe : Magister templi, Magis, Ipsissimus
Une initiation spéciale est réservée aux Adepti minores ; elle les intègre à un ordre particulier qui se nomme Ordre de la rose-croix d’or et de la rose rouge. Ce 5è degré met l’adepte en communication directe avec son ange gardien. Les trois adhérents les plus remarquables de la Golden Dawn furent S. Mathers, Aleister Crowley et William Butler Yeats. Mais il y eut aussi les écrivains Arthur Machen et Bram Stocker. L’initiation était confirmée par l’attribution d’une devise, habituellement latine qui rappelait à l’affilié la voie dont il ne devait jamais s’éloigner. Les initiales de chacun des mots de la devise devenaient le sigle de l’initié. Les vrais chefs de l’ordre auraient été les Supérieurs inconnus.