Décoiffant, haletant, étouffant, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le match auquel il nous a été donné d'assister ce soir, en demi-finale du Top14. Au terme d'une rencontre qui aura été jusqu'en prolongation pour désigner son vainqueur, l'ASM Clermont a gagné face à Toulon le droit de disputer une revanche contre Perpignan.
Jusqu'à la 70ème minute, le match brilla davantage par son intensité et le combat des avants que par le spectacle des lignes arrières. Se rendant coup (de pied) pour coup, le RCT et l'ASM ont joué au jeu du chat et de la souris, les défenses prenant, comme on dit, le pas sur les attaques. Malgré quelques vélléités surtout clermontoises, la partie fut plutôt cadenassée.
Le tournant du match est sans conteste l'essai inscrit par le pilier de l'ASM, Davit Zirakashvili à dix minutes de la fin du temps réglementaire. Un essai non valable, le joueur Clermontois ayant laché le ballon au moment d'applatir. Malheureusement, l'arbitre de la recontre, Monsieur Garcès, jusque là impeccable, a décidé de l'accorder sans consulter la video. Il faut dire que sur le moment, tout le monde avait le sentiment que le pilier asémiste avait effectivement applati de manière incontestable. Felipe Contepomi, l'arrière du RCT eut beau demander à Monsieur Garcès de recourir à la video, ce dernier n'en fit rien.
Et pour cause : le règlement est clair sur ce point. Un arbitre ne peut revenir sur une décision que lorsque le juge de touche a levé son drapeau pour indiquer une touche ou un jeu déloyal.
Toujours est-il que ce coup du sort eu le don de pousser les Toulonnais à - enfin - jouer au ballon. Jusque là, ils s'étaient contenté de confier leur destin à leur défense de fer et au pied de Jonny Wilkinson, laissant prsque entièrement l'initiative du jeu à Morgan Parra (remarquable encore aujourd'hui) et ses copains.
Et pourtant, il y a des manieurs de ballons splendides dans cette équipe de la Rade. En recollant au score par un essai de Sonny Bill Williams, les Toulonnais ont obligé Clermont à disputer une prolongation.
Celle-ci fut cruelle pour Gabiriele Lovobalavu, l'ailier du RCT : pris à la course par Julien Malzieu sur un coup de pied à suivre du même, il ne put l'empêcher d'applatir. pour le deuxième essai Clermontois, qui s'avéra décisif. Et après un essai de Fabien Cibray, plein de malice et d'à propos, le pauvre ailier Fidjien manqua d'un cheveu d'aplatir en coin à l'ultime minute du temps réglementaire, ce qui aurait donné à Jonny Wilkinson l'occasion de taper la transformation de la gagne.
Après une ultime touche bien négociée par Clermont, Brock James (à qui, décidément les demi-finales du Top14 réussissent plutôt bien) tapa en direction des tribunes, libérant la ferveur des supporters Jaune-et-bleu, et la tristesse des rouge-et-noir.
Il est certain que, du côté de la Rade, on ressassera longtemps cet essai non valable et pourtant accordé, qui, mathématiquement, a permis aux Clermontois de l'emporter (35-29). Mais on n'est pas sûr que, sans cet essai encaissé, les joueurs de Philippe Saint-André se seraient décidés à mettre le feu à la défense adverse, comme ils le firent jusqu'à la fin du temps réglementaire, puis en prolongation, pour marquer et égaliser.
En face, l'ASM a joué une partie solide, donnant même l'impression, en début de prolongations, d'assommer son adversaire, avec un pilonnage en règle des avants près de la ligne d'en-but des Varois, puis, sur une pénalité et un drop "Steynien" de 60 mètres par Brock James. Il a fallu, une nouvelle fois, un essai encaissé (incontestable celui-là, inscrit par Malzieu), pour pousser les partenaires du brillant Joe Van Niekerk à tenter de renverser la tendance par du jeu à la main.
Il s'en est donc fallu de peu que Toulon ne réussisse son paris et ne se qualifie pour la finale. Mais c'est finalement le métier de Clermont qui a parlé. Et le talent, évidemment.