Quoi de neuf dans cette reprise ? La mise en scène de Robert Carsen est toujours aussi efficace avec comme acmé la scène de la légende de Kleinzack que chante le ténor italien Giuseppe Filianoti en dansant le long d'un bar interminable dans une chorégraphie habile de Dominique Giraudeau. Sa voix aussi,capable de faire sentir les nuances qui ont fait comparer certains passages des Contes au Werther de Massenet. Une Olympia volcanique (pourtant remplaçante au débotté mais drôlement culottée).Le bonheur de retrouver un compositeur à l'imaginaire parfois douloureux, critique de son temps , désabusé qui tente dans une oeuvre ultime de produire le chef d'oeuvre, l'opéra majeur après toutes ces opérettes qui enchantent un public en quête de divertissement. Les Contes évoquent bohème et pacte avec le diable. L'art et le Second Empire. Sigfried Kracauer le théoricien de L'Ecole de Francfort aimait beaucoup Offenbach en qui il voyait tout autre chose qu'un fabricant de "tubes" ou de barcarolles et auquel il consacra une biographie alors qu'il détestait ce genre petit-bourgeois. Pourquoi cet intérêt pour le roi de l'opérette des boulevards parisiens? Dans les années trente , à peu près au même moment Kracauer voit dans le mode de vie des "employés" berlinois se dessiner comme un prologue de la catastrophe qui va se produire en allemagne .
Une sorte de ruban blanc .
OPÉRA FANTASTIQUE EN UN PROLOGUE, TROIS ACTES ET UN ÉPILOGUE (1881) de Jacques Offenbach jusqu'au 23 mai à l'Opéra Bastille.