Le fascisme correspondait à une époque. Sa particularité
était d’être une dictature consentie par les masses et de les détourner de toute perspective révolutionnaire , bourgeois et prolétaires unis dans une même destinée au sein d’une même communauté
d’intérêts. Du moins c’était l’idée propagée, tirée de la doctrine sociale de l’église et du nationalisme. Or cette intime lien entre le nationalisme et la doctrine de saint Pie était le
fondement du national catholicisme, cimenté par le corporatisme. C’est toujours l’axe central de l’idéologie dominante. Contrairement au fascisme, le national catholicisme, sauf sous le
pétainisme, notamment en Espagne, n’est pas consenti par les masses mais contre les masses, imposé par les résidus du féodalisme, la grande bourgeoisie, l’église et l’armée. Il y a bien un parti
fasciste, la Phalange mais ce n’est qu’une petite organisation, coupée des masses.
Le
fascisme est issu des faisceaux prolétariens de Mussolini et de la grande bourgeoisie italienne et des mêmes résidus féodaux. Le nazisme est un fascisme allemand . Leur différence tient entre
autre qu’ils ont avec eux les masses, contrairement au national catholicisme. Tous ont en commun une ferme volonté d’expansion et la soumission d’autres peuples à leurs intérêts respectifs.
Pour les uns c’est la grandeur de Rome et le symbole de la louve, pour d’autres le traditionalisme, les gloires passées, l’église et la race et pour d’autres enfin l’antisémitisme. Les
différencier dans l’horreur serait difficile, tant la force la violence et la virilité sont cultivées par ces systèmes. Systèmes qui n’en sont pas uns, puisque c’est toujours le capitalisme.
Le néo
libéralisme a parfaitement compris qu’à époques différentes, méthodes différentes. Sa fin c’est le profit et les moyens , son expansion et la soumission de ses nouvelles conquêtes. Il a deux
aspects et deux visages. Là où il s'installe, il refuse de reproduire le schémas politique et social d’où il est originaire. Au contraire, il exige des garantis, interdiction des grèves, pas de
cotisations sociales, donc pas de congés payés, pas de sécurité sociale, pas de soins et pas d’écoles. Rien qui ne soit pas marchand par lequel il puisse encore tirer de nouveaux profits.
La misère et l’esclavage. Dans les pays d’origine , il pèse de tout son poids afin de diminuer, et le droit de grève et les cotisations sociales et les retraites et les congés et la sécu et
forcément la santé et l’éducation, sauf à que tout cela soit versé dans le secteur marchand, afin de réaliser de nouveaux profits. Dans les pays dits « émergeants », il a ses bonnes dictatures et
qu’il finance, les gouvernements qu’il corrompt . Il n’exige jamais de contreparties démocratiques. Ici, il maintient les élections, dont il se passerait bien, puisque il aide à les supprimer
ailleurs. La démocratie bourgeoise lui va d’autant plus, ici, qu’il est propriétaire de l’information et de la diffusion, comme le parti fasciste en disposait, il en dispose, toute proportion
gardée. L’information est propriété d’une classe sociale, la classe dominante. Un titre suffirait mais il faut bien donner le change, c’est la parodie démocratique. Il y a tous les titres, de la
bourgeoisie éclairée à la plus obscure et réactionnaire.
L’expansion économique et l’hégémonisme idéologique est la caractéristique de l’impérialisme, elle fut également celle du fascisme et du national catholicisme . Comment n’y aurait il pas des
caractéristiques semblables sur les bases d’un même système économique qu’est le capitalisme. Les similitudes sont plus frappantes entre le néo libéralisme et le national catholicisme. Ce dernier
est moins marqué par l’infamie depuis qu’il fut récupéré et recyclé par l’impérialisme américain au nom de la défense de l’occident et du « monde libre ». Franco est admis à l’ONU. Il ne sort pas
de chez lui mais il fréquemment visité, il accueille même des bases occidentales. Son pouvoir n’est plus qualifié de fasciste mais simplement d’autoritaire. La vieille recette y est appliquée, il
n’y a pas de classes antagonistes, mais une communauté d’intérêts pour un grand destin national. Il reste certes le jour de la race, qui deviendra après sa mort , celui de l’hispanité. La vieille
recette est au goût des nouveaux économistes et néo conservateurs de l’école de chicago. Ils vont réexpérimenter le système au Chili avec le coup d’Etat de Pinochet. Ils reprennent la vieille
formule que le Général Queipo de Llano en l’appliquant au Chili « : ici pendant trente ans , pas un cheveu ne bougera ». Le tout est suivi d’une importante concentration des médias et d’une
offensive idéologique historique. Avec la chute du mur de Berlin, le néo conservatisme rentre partout, comme dans du flanc et le pillage à l’échelle planétaire va pouvoir s’accélérer. Dans le
même temps le champ démocratique va se réduire partout dans le monde, paradoxalement avec la chute des pays de l’est. Pire, ces vieilles dictatures staliniennes vont devenir à la fois des
instruments et les partisans zélés d’un capitalisme absolu et violent. C’est par le système maffieux et criminel que s’instaure une nouvelle bourgeoisie, nouvelle classe dirigeante, avec souvent
l'ancienne « nomenclatura ». Le capital soumet les peuples à ses intérêts immédiats et prône de plus belle, la communauté d’intérêts et en interdisant le reste . La nature comme les travailleurs,
est pillée, souillée et épuisée. Il reste certes la démocratie bourgeoise, qui ne repose en fait que sur le système électoral et quelques constitutions parfaitement modifiables. C’est la nouvelle
cible, au travers des institutions, constamment attaquées. Voter, la commission européenne et les eurocrates se chargent d’en atténuer les effets et de contourner la volonté populaire. Les
systèmes électifs subiront vraisemblablement partout des contre réformes afin de les adapter aux nouvelles donnes économiques et au nouveaux besoins du capitalisme. Le TCE voulait graver dans le
marbre l’inconstitutionnalité de tout changement de système économique et rendre illégal toute remise en cause du capitalisme, notamment par le socialisme. De là à mettre hors la loi toute
organisation qui se prétendrait révolutionnaire, marxiste ou pour tout autre type d’économie qui ne soit capitaliste. Le syndicalisme , ils s’en passeraient bien, alors ils cherchent à le couper
de ses racines et de ses missions premières. Ils veulent un syndicalisme d’accompagnement, ce qui signifie en clair, non autonome mais dans le système et pour le système. Rôle hier dévoué au
syndicalisme vertical et corporatiste. C’est le retour à la doctrine sociale de l’église dans une forme modernisée et si peu modernisée.
Les
révisionnistes de tous poils tentent par ailleurs de minimiser le passé du national catholicisme, parfois de le justifier, avec l’aval de la classe dominante et son appui idéologique. En France
le compromis de la libération est remis en cause par la droite qui tente de revenir à la situation antérieure et s’en prend au Front Populaire avec les mêmes arguments qui furent ceux du
pétainisme et du Procès de Riom. C’est un nouveau procès de Riom , économique celui là, qui est tenté au mouvement social par la bourgeoisie et ses représentants au pouvoir. La crise , c’est la
faute des travailleurs qui ne travaillent pas assez et qui ne rapportent pas assez de profit, disent ils en substance. C’est aux pauvres de payer, comme sous l’ancien régime. Il faut des riches
pour pouvoir assister les pauvres, ainsi parlait Franco le miséricordieux ( c’est ainsi qu’il était surnommé par une certaine congrégation), telle est la politique du national
catholicisme.
Il y
avait autrefois, une bourgeoisie avancée et laïque, républicaine en somme. La grande offensive actuelle met à bas les grands principes républicains pour ne retenir que des « valeurs », qui est la
meilleure façon d’enterrer la notion de principe et par là de les vider de leur contenus. La religion est utilisée à nouveau comme vecteur idéologique. Tout ce qui légitimise l’exploitation
la soumission et la résignation est utilisé et savamment distillé. Cette même résignation que lançait Casimir Perrier aux ouvriers. Le capitalisme n’a rien inventé qu’il n’ait utilisé.
National catholicisme ou la marche vers un nouvel autoritarisme.