On avait récemment redécouvert Doisneau sous un nouveau visage; cette exposition de Willy Ronis à la Monnaie (sous l’égide du Jeu de Paume; jusqu’au 22 août) est, par bien des égards, l’occasion de le redécouvrir aussi . Ne vous fiez pas à l’affiche avec son très beau, et hyper-connu Nu provençal de Gordes. Certes la première salle reprend la plupart des icônes de Ronis, ses images les plus connues, les mettant en correspondance de pilier à pilier avec intelligence et humour. C’est ainsi que scènes d’adieux et retrouvailles se célèbrent dans ces trois magnifiques photos, d’abord le Départ des morutiers de Fécamp (1949) où le landau bourgeois contraste avec les habits du marin caressant sans vergogne le sein de sa femme en l’embrassant, ensuite une autre scène de tendresse volée, les Adieux du permissionnaire (1963) : Ronis raconte que ces deux amoureux se séparaient juste devant sa fenêtre et que, voyeur impénitent, il se tapit dans l’ombre pour saisir cet instant de bonheur triste. Enfin, cette photographie qu’il ne publia que bien plus tard, Le retour des prisonniers (1945) où une femme, nurse en uniforme (ou bonne soeur sans cornette ?), étreint avec tendresse un homme de retour des camps, photo intime, au-delà des bornes de l’indiscrétion, si émouvante.
Belle occasion de se forger une image de Ronis plus complète que celle transmise par ses photos les plus connues, d’avoir un regard plus riche sur la photographie dite humaniste, de se dépouiller de quelques idées reçues.
Toutes photos © Ministère de la culture et de la communication & Stéphane Kovalsky / dist. Agence Rapho.