Avec ce titre, « La longue nuit d’un repenti », je m’attendais à une allégorie, une longue nuit s’étirant sur des mois ou des années. En fait, cette très courte histoire signée Yasmina Khadra se déroule sur une nuit, une seule. Mais quelle nuit !
Abou Seif a fait la guerre, et maintenant qu’elle est terminée, la guerre le hante. Dans sa tête, il y a les bruits, les cris, les lumières, les crimes qui se bousculent, le réveillent, l’empêchent de se rendormir - ce à quoi assiste sa femme, impuissante à ses côtés. On imagine ce calvaire se reproduire chaque nuit. Sauf que celle-ci aura une fin bien différente des autres…
L’exercice de la nouvelle explose ici dans toute sa splendeur. Cette histoire courte l’est, assurément. Il m’a fallu moins de vingt minutes pour en venir à bout. Mais en si peu de temps, si peu de pages, Yasmina Khadra campe un décor, installe une atmosphère, fait vivre des personnages et révèle leurs tourments, avant d’amener une chute surprenante. Les images se sont créées - oui, c’est sûr, le défi proposé à l’auteur par les Editions du Moteur est remporté, et haut la main.