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Poeme de Petite_Plume : La gare

Publié le 12 mai 2010 par Illusionperdu @IllusionPerdu
Au bord de la ville, à l'aube naissante et encore grise de brume, une jeune fille marchait, l'air perdue, le regard vide fixé sur ses propres pas. Elle errait sur le trottoir de la voie rapide, où un flot incessant de voitures passait à toute vitesse. Elle sentait que tous les conducteurs étaient des habitués de cette route abimée déjà par ce traffic, seul passage entre les deux parties de la ville. D'un côté les vieux immeubles noircis par les gaz d'échappements, de l'autre la zone artisanale,ses appartement rénovés et ses boutiques. La vagabonde, tel un chien perdu en milieu hostile, marchait le dos courbé, les mains enfoncées dans les poches de son manteau défraîchi, le nez dans son foulard.
Elle avait quitté son domicile familial la veille, ne prenant pour bagages qu'un sac miteux. [ Dedans se trouvaient quelques sandwichs trouvés dans le réfrigérateur, de l'eau et une veste, ainsi que la monnaie des portes-feuilles de ses parents.] Elle n'avait aucun but précis, seulement une envie insatiable de quitter le petit nid familial qu'elle avait supporté trop longtemps. Inconsciemment elle était passée sous un pont sombre, après avoir pris une allée boisée.
Tout à coup le ciel devint plus sombre. En levant les yeux, elle découvrit une construction lourde et massive, dont les trois entrées étaient surélévées par quelques marche. Elle entra dans la bâtisse: l'intérieur était un immense hall carrelé, où se perdaient quelques bancs clairsemés contre les murs dénudés. Une foule innombrable se déplaçait en toutes directions, tels des robots, l'esprit ennuagé de préoccuppations en tous genres. Après être passée dans un dédal sous-terrain, elle arrivait dehors sur des trottoirs allignés; paysage morne et effrayant. Un bruit soudain, assourdissant, lui donna une brusque envie de fuite. Puis de la vapeur parut, comme le halètement d'un animal après une course. Celui-ci mangeait les hommes. Il n'y avait pas ou peu de revenants. Malgré sa crainte, la jeune enfant fut elle aussi emportée dans le ventre de la bête, qui se remit en marche, d'un battement kourd et oppressant, tandis qu'une nouvelle ration arrivait. Le sol se mit à trembler, le paysage filait. La machine et ses rails interminables semblaient vouloir rattraper l'horizon, tandis qu'au loin, la fuyeuse aperçut une autre flèche en approche...

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