Poeme de Petite_Plume : Redaction:

Publié le 13 mai 2010 par Illusionperdu @IllusionPerdu
Sujet d'écriture: Un prêtre et un condamné sont dans une charette qui les conduit à la guillottine, le condamné raconte:"Tout à coup la série de boutiques qui occupait mes yeux se coupa à l'angle de la place: la voix de la foule devint plus vaste, plus glapissante, plus joyeuse encore; la charette s'arrêta subitement, et je faillis tomber la face sur les planches..." Ici s'arrête la narration du condamné... Le prêtre qui l'assiste raconte la suite des événements ( = émotions, opinion,...)
Il était midi moins dix. La charette venait de s'arrêter, comme prévu, dans la plus grande place de Paris, où les gens pouvaient venir plus nombreux pour voir le massacre. Quel dommage; tout ce sang devant ma belle cathédrale: une vraie boucherie.Excusez-moi, mon Dieu, mais votre création a ses défauts. Comme par exemple cette lame et sa machine, appelée Guillotine, aussi haute que le ciel - pour qu'on la voie mieux, sans dout - et qui tombe aussi vite que sa conséquence (tout comme sa sentence, d'ailleurs) ; de manière irrévocable. On y coupe des hommes, des femmes, des enfants mêmes, en deux morceaux, pour des choses qu'ils n'ont souvent pas faites.
Oui, des enfants. Comme celui qui est en train de descendre de cette charette. Il a gardé lzq yeux ouverts pendant tout le trajet, ouverts mais vides d'espoir, de vie, de jeunesse. A 22 ans, pendant son extrême onction, il m'a avoué n'avoir jamais connu l'Amour, et m'a expliqué qu'il était condamné à mort pour un vol ridicule: deux miches de pain et quatre briques de lait, "Pour eux." Je lui ai demandé qui vivait avec lui: sa fille de cinq ans, il l'avait trouvée abandonnée devant une église et l'avait recueillie. Un petit homme au grand coeur... c'est tellement rare, et on le tue...
D'ailleurs on était en train de l'étaler sous la lame, le coup fatal devait être imminent. Je dis au bourreau de patienter, m'approchai du jeune condamné, le serrai dans mes bras, et lui promis de garder et soigner sa fille, jusqu'à lui trouver une famille digne de ce nom. Il me remercia, puis reprit sa place. Ce n'était d'ors-et-déjà plus qu'une âme, vide d'émotion. Une fois encore, la guillotine allait sévir, une fois encore elle allait ôter une vie, une fois encore cette foule, tant odieuse qu'inhumaine, allait être heureuse et fière de tuer "un criminel", comme on dit... Dong! Tac Dingdong!
Midi sonnait à peine que cette brave tête était tombée...