Quand Marguerite danse
(ou la chansonnette des munificences glorieuses et des récompenses discrètes)
Je vous donne votre beauté, Marguerite,
je vous donne ce qui déjà vous appartient.
Vous voyez, je ne prends rien.
Je vous donne votre belle âme, Pâquerette,
je vous la donne
qui brille dans vos yeux toute.
Vous voyez, je n’y prends goutte.
Je vous donne tout votre charme, Anthémis,
quand vous pleurez de joie en dansant, voyez,
je n’y prends pas même une larme.
Je vous donne vos doigts qui frétillent
en agitant les castagnettes,
Fleur-à-pétales-en-collerette,
et votre pied-de-nez, voyez,
je n’en chipe même pas pichenette.
Je vous donne à qui vous pensez,
quand vous dansez, Marguerite,
à qui déjà vous appartient.
Vous voyez, je ne prends rien.
(Paul Fort)
Illustration: Marie-Paule Deville Chabrole