Cela fait maintenant six mois que je suis à Londres. Mes journées chez SuperConseil sont pépères mais pas désagréables (forcément, ça change la vie de rentrer chez soi à 17h30 au lieu de 21h), mes soirées, plutôt vides, et les WE… inégaux, dirons-nous.
De deux choses l’une :
- Soit Prince et moi sommes à Londres en tête-à-tête. L’occasion idéale de découvrir la ville en déambulant dans les rues, main dans la main… Notre enthousiasme se heurte vite au principe de réalité : les balades en amoureux, c’est nettement moins romantique sous la pluie de Londres que dans les films américains. Surtout quand on a les pieds mouillés.
(Vue de Londres sous la pluie depuis notre canapé, où nous finissons par passer le WE)
- Soit je rentre à Paris. Oui oui, sans Prince : ce n’est pas parce qu’il m’aime qu’il a envie de partager mes tisanes party entre copines.
Là, c’est toute une gymnastique qui commence.
J-14 : début d’un grand festival d’emails (envoyés plus ou moins discrètement de chez SuperConseil). Deux semaines, c’est en effet le préavis minimum requis par mes très populaires amis pour me réserver un « créneau » dans leur WE – « Attends, t’as déjà oublié ce que c’était la vie parisienne ? Bien sûr que si, j’ai envie de te voir, mais je suis super busy ! Je regarde ce que je peux faire, et je reviens vers toi ». Sans commentaire). Tout commence donc par un envoi massif mais personnalisé de mails ayant généralement pour contenu une variation du texte suivant :
- Salut Truc / Truquette / Machin / Machine, je suis de passage à Paris ce WE et ça me ferait très plaisir de te voir. Quand es-tu disponible ? »
Première phase accomplie.
J-13 à J-6 : recueil des réponses dans un magnifique tableau Excel réalisé pour l’occasion (je ne bosse pas dans un cabinet de conseil pour rien). Cela me permet de prendre la mesure du problème : Truquette n’est dispo que pour un apéro, mais Machin aussi, et comme ils n’ont rien à se dire, impossible de les voir en même temps. Par ailleurs, Machine a un mariage, et Truc n’est pas sûr d’être libre, mais peut-être que si, entre 14h et 16h uniquement. Argh. Début de la troisième phase.
J-6 à J-3 : s’ensuit une sorte de Tetris (ah, Tetris, soupire l’ado en moi) mondain où, au lieu de d’empiler le plus grand nombre possible de briques dans un espace restreint, il s’agit d’enchaîner le plus de repas possible dans un temps plus que limité. Truc étant finalement dispo pour un déj dans le 14e (« Mais il faut que je décolle à 14h »), Truquette pour un apéro dans le 18ème, et Machin uniquement pour un dîner si c’est près de chez lui en banlieue… combien de kilos va prendre Eva in London en 48 heures ?
J-2 : inévitable supra optimisation de dernière minute suite au mail de Machin : « Désolé Eva in London, j’avais complètement oublié qu’on fêtait les 60 ans de mon père samedi soir, on peut se voir à un autre moment ? ». Ben, comment te dire… Non. Et en plus, maintenant, il faut que je me trouve un plan pour le créneau le plus stratégique du WE.
J-1, 23h30 : bouclage de valise – d’ailleurs étonnamment volumineuse pour 48 heures de papotage. Je suis sûre d’avoir oublié quelque chose… Ah, ça me revient : je glisse dans la poche avant (où il passera d’ailleurs le WE) mon joli fichier Excel imprimé en couleur (merci, SuperConseil).
A vos marques, prête, partez, Eva in London.