Magazine Cinéma
vendredi 14 mai 2010
Donc après "Un prophète", voici "Le ruban blanc". Je continue ma découverte du podium du festival de Cannes 2009. Ce film frappe d'abord par son esthétisme, le noir et blanc bien sûr mais aussi par ses beaux plans comme par exemple le travelling sur la sage-femme marchant dans la rue au début du film. Je pourrai aussi parler du plan des deux fiancés dans la calèche, la caméra est braquée sur leurs visages nous faisant partager complètement leurs expressions.
Ce film décrit une micro-société, quasi-autarcique comme pouvaient l'être beaucoup de villages du début du vingtième siècle, à travers différentes familles : l'instituteur, le pasteur, le régisseur, le médecin, le paysan et enfin le baron régnant sur tout ce petit monde. C'est une société dure où les enfants sont élevés à la trique, où on leur inculque très tôt le sens du bien et du mal. Cette société est aussi dure par la difficulté de nourrir des familles toutes aussi nombreuses les unes que les autres.
Sortant de ce carcan, un nouvel acteur apparaît, ce sont les enfants qui se transforment en punisseurs et martyrisent tous les acteurs d'actes inavouables de cette société. Comme le dit Michael Haneke dans la conférence de presse de présentation du film à Cannes, il ne faut pas voir uniquement une évocation du fascisme. En fait, moi aussi j'y vois autre chose, c'est l'émergence d'un nouvel acteur de la société qui jusque là n'avait pas voix au chapitre : la jeunesse ou plutôt ici l'adolescence.