Pour la première fois, Nicolas Sarkozy a clairement laissé entendre l'éventualité de sa candidature à la
réélection en 2012.
Comment préparer une candidature...
Mardi, comme il en a pris l'habitude depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy
recevait quelques députés UMP. Qu'un président de la République s'affiche aussi ostensiblement comme un chef de clan ne surprend plus grand monde. Sarkozy ne dirige pas la France, il préside
l'UMP. Il ne prépare pas son second mandat mais sa prochaine campagne. «Ne croyez pas que je ne réfléchis pas à l'étape suivante.» aurait-il déclaré aux participants. Quel soulagement ! Puis il a livré ses réflexions
«s'il était candidat». La stratégie politique est claire : il prévoit un remaniement gouvernemental en profondeur après l'été, des changements dans son entourage proche, et des initiatives qu'il
garde pour l'instant pour lui. Pour 2012, il cherchera à se positionner comme le président de tous les Français : «Nous aurions fait les réformes nécessaires pendant le mandat précédent. Si
je décidais d'y aller à nouveau, je pourrais être un président rassembleur, protecteur.» Attendons-nous à un nouveau «j'ai changé» dans les derniers mois de 2011.
Depuis des semaines, le Figaro relaye les propos des communicants de l'Elysée sur ce nouveau Sarko économe en apparitions médiatiques et dévoué aux grandes causes du moment (l'Europe, le travail,
etc).
Son premier ministre du moment a livré de nouvelles coupes budgétaires, après les annonces de Sarkozy de lundi dernier : «face à l'ampleur des déficits, le gouvernement change son fusil
d'épaule» confirme le Figaro. Il faut rassurer
les marchés financiers. Un commissaire européen a d'ailleurs rappelé en début de semaine qu'il attendait des efforts
significatifs de la France et l'Italie. Dans sa lettre de cadrage qu'il a envoyée à ses ministres pour la préparation du budget 2011, Fillon exige «une baisse de 10 % en valeur des
dépenses d'intervention sur la période 2011 à 2013», autrement dit des dépenses sociales (exonérations de charges ciblées, aides au logement, RSA, contrats aidés…) et des subventions
(culture, transports, etc). Ces dépenses comptent pour près de 67 milliards d'euros par an (dont près de la moitié pour les aides sociales), contre seulement 20 milliards d'euros pour le simple
fonctionnement de l'Etat.
Comment bloquer une enquête gênante
L'un des députés, socialiste, membre de la commission d'enquête parlementaire sur l'attente de Karachi en mai 2002 qui coûta la vie à 1' personnes dont 11 ingénieurs français, n'a pas apprécié de
voir ses travaux entravés par le gouvernement. Nicolas Sarkozy craint-il quelque chose ? Le Monarque est parvenu jusqu'à présent à éviter les affaires gênantes. Et il n'est pas question que le
Karachigate soit un obstacle à cette stratégie électorale pour 2012. Concernant l'enquête des députés, la liste des petites tracasseries gouvernementales est édifiante.«Il est vrai que les
parlementaires toutes tendances confondues ont fait part de leurs difficultés à obtenir des informations» a reconnu un député UMP.
1. Aucun ministère n'a fourni de documents relatifs au contrat de vente des sous-marins français au Pakistan au motif qu'une enquête judiciaire est en cours.
2. Le Quai d'Orsay de Bernard Kouchner a transmis «une revue de presse nationale et internationale» d'articles sur les attentats et le contexte de la période...
3. Le ministère des finances a transmis une note relative à la légalité (à l'époque) des commissions aux intermédiaires, mais rien sur les motivations de ces troublantes commissions de
1994-1995.
4. Le ministère de la défense a affirmé que «deux rapports du contrôle général des armées, le contrat Agosta et ses annexes» avaient été transmis à la commission de déclassification du
secret-défense le ... 12 mai 2010.
En octobre dernier, soit près de 4 mois après les déclarations d'Hervé Morin, ministre de la Défense, le juge Trévidic, en charge de l'enquête, avait obtenu 40 notes de la DGSE
déclassifiées du secret défense.
Tout est possible et nécessaire pour protéger un président en campagne.
par Sarkofrance