Une petite histoire d'expulsion, comme ça, pour se détendre les méninges : la préfecture de Meurthe et Moselle « oublie » Nicolaz, 2 ans et demi.
David Agoyan, sa femme et deux enfants (14 et 18 ans) sont arrêtés, vers 7h30, au foyer à Nancy mardi 11 mai 2010. Leur fils, Nicolaz, 2 ans et 1/2 n'est pas là, il est chez des amis. Qu'importe, la famille est embarquée et emmenée au centre de rétention de ... Lyon, à 340 km de là ! La préfecture de Meurthe et Moselle ne s'encombre pas de détails pareils. Qu'importe si Nicolaz se retrouve sans personne...
Mercredi 12 mai, la préfecture de Moselle fait expulser dans un petit avion venu exprès pour eux à l'aéroport de Bron, la famille ... sans son enfant. David, le père s'entaille les veines ... mais ne sera pas soigné à Lyon. 15 policiers armés pour un couple et deux ados pieds et poings liés (l'enfant de 14 ans est lui aussi menotté). 15 policiers armés ... pour un couple et deux ados venus il y a onze mois de Géorgie... ils sont Yézides et menacés en Géorgie comme le sont de nombreux membres de cette communauté
Arrivés en Pologne, ils sont remis à la police ... qui s'inquiète du plus jeune qui n'est pas avec eux. Et refuse d'accueillir dans ces conditions la famille démembrée. Le père est soigné... et tous sont remis dans le même avion.
Un aller retour pour la Pologne. Au fait ça coûte combien ?
A Lyon, la famille est libérée. RESF est prévenu car personne ne sait que faire de cette famille. La préfecture de Meurthe et Moselle a su aller chercher la famille, a su l'amener jusqu'à Lyon, a su dépêcher un avion privé pour la Pologne .... mais ne sait pas ramener la famille à Nancy auprès d'un enfant de 2 ans et 1/2 qui pleure. Comble de l'ironie : la PAF a ordre de remettre la famille à des militants de RESF Rhône ....!
Mercredi soir la famille est de retour à Nancy. Nicolaz pleure mais a retrouvé les siens.
Ce matin, je serais bien resté à manifester au milieu des travailleurs sans papiers venus soutenir une délégation syndicale reçue à 10h au Ministère de l’Immigration (c'est à côté de mon bureau). En effet, après 7 mois de grève, les travailleurs et travailleuses sans papiers ont obtenu l’ouverture de nouvelles négociations. Celles-ci commencent aujourd'hui.
Comme d'habitude, je me sentais bien parmi eux. Ils montrent une détermination douce, calme, je dirais une force tranquille, si l'expression n'était tant galvaudée, contagieuse.
Mais j'ai trop de boulot pour rester.
A l'angle de la rue de Varenne, un barrage policier. Sans agressivité, mais sans aménité, de jeunes flics interdisent le passage à deux jeunes hommes qui ont la prétention de profiter de la manif pour faire un peu de tourisme. Moi, on me laisse passer, on demande à l'un des deux hommes de s'écarter devant moi. Mes poings serrés. Mon imaginaire rouge sang. Je ne dis rien. Je suis fatigué, dès le matin.
Pendant ce temps, la marche Paris-Nice continue (voir mon post du 3 mai). Mauvais temps, mal aux pieds et espoir fou en quelque chose. Cette idée, peut-être, que l'esprit humain, sa générosité, son ambition, l'ampleur de l'espace qu'il occupe l'emportera sur l'obscurantisme et le vide émotionnel inquiétant de certaines administrations.
Un dernier mot, c'est un autre combat, encore que : ce matin, des CRS ont délogé des sans-logis, désabrité des personnes qui n'ont pas d'autre abri. C'était un immeuble inoccupé depuis des dizaines d'années. Le vide émotionnel de certaines institutions.
Vidéo :
Le site de TÉLÉ Liberté qui suit la marche Paris-Nice des sans pap's : CLIQUER ICI.