Je suis restée sur le quai de la gare où le héros a perpétré l'un de ses meurtres. Tout simplement. Cet homme qui décide d'arrêter de fumer, fait appel à un hypnotiseur et ressent le besoin de trucider son semblable pour retrouver le plaisir de la clope m'a laissée de marbre. Comme une Malboro. Je ne fume pas, je n'en ai pas senti le besoin, cela explique peut-être pourquoi je ne suis pas devenue accro à ce roman dont je n'entends et ne lit que des louanges. Certes l'écriture d'Antoine Laurain est ciselée, une aisance à la Gainsbourg dont il a de faux airs et un petit côté pince sans rire de bon aloi. Mais le coeur n'y est pas. Le mien n'a pas battu au rythme de la déchéance de cet homme et de sa plongée vers le mal. Je me suis prise à tourner les pages. A en éviter. Sûre que l'effet qu'elles me produiraient ne seraient pas suffisants pour me dire :"j'aime". Ce héros enfumé gagne en cynisme, trouver des solutions astucieuses et intelligentes pour tuer ses victimes et retrouver en même temps le plaisir de la cigarette. Ce moment jouissif que je n'ai pas vécu en lisant le livre. Comme si, pour moi, tout passer à travers un filtre.
Beau mais aseptisé. Un produit presque trop parfait. Une littérature de salon. Et ma concentration part en fumée. J'aurais aimé moins de rigueur et plus de partage. Cela ne m'étonne pas qu'il ait été chaudement recommandé par ceux qui-il y a peu encore-faisaient partie de certains de mes contacts ou liens noués par le net. Il leur ressemble. Froid, implacable, intransigeant. Je ne retiendrai qu'une phrase sur le père de ce héros amoureux de la nicotine "Lorsqu'on est malheureux, on ne peut faire le bonheur de personne. On n'est plus que le locataire de son existence...Rêves masochistes, empreints de douce songerie et de violentes jalousies." Il y a la vie et il y a la mort. Et franchement je préfère être intoxiquée par la première. Et par la littérature qui déchire, emporte, entraîne comme les plaisirs..de la vie...Trop fumeux pour moi..