Les élus accusent l'Etat d'être responsable de notre crise et lui demande de payer. Réponse du représentant de l'Etat, Aldolphe Colrat: assumez vos responsabilités et arrêtez d'abord le gaspillage et la corruption!
Extraits d'une interview mémorable.
Voir d'abord où va l'argent
“Commençons par faire ce qui a été convenu: L’état des lieux, identifier des possibilités d’économies budgétaires, revoir la sphère publique, la structure, les services du Pays, les établissements publics, les Sem, s’interroger également sur les recettes fiscales et à partir de là, dégager des marges de manœuvre et définir un plan d’action.”
Assumez vos responsabilités!
"D’abord la responsabilité de la Polynésie française, c’est le statut de l’autonomie qui nous dicte ce principe de responsabilités, il faut l’assumer. "
Donner plus à la Polynésie signifie donner moins à une autre région
"Et n’allons pas faire croire qu’il y aurait un trésor caché, un coffre-fort à ouvrir, ce qu’on appelle l’État. Mais sur ce point, l’État qu’est-ce que c’est ? C’est la communauté nationale, c’est l’ensemble de nos concitoyens de métropole, d’outre-mer qui travaillent, payent des impôts, rencontrent même des difficultés et ce qu’on donnera à l’un, on l’enlèvera à l’autre. C’est ça la réalité.”
La France donne déjà 170 milliards par an à la Polynésie
“Nous parlons au moins de 170 milliards, sans compter l’argent de la défiscalisation nationale, c’est ça la réalité de la contribution annuelle de l’État à la vie de la Polynésie française”
Arrêtez d'abord le gaspillage, la corruption, les emplois fictifs, la gabegie...
“Et des économies, je crois que nous le pouvons. Les économies sur le fonctionnement, nous savons qu’il y a gaspillage. L’actualité judiciaire est pleine de corruption, d’emplois fictifs, de gabegie. La chambre territoriale des comptes a fait de multiples rapports sur des défauts dans notre gestion, il y aurait de quoi remplir une bibliothèque. Commençons par cela. Nous ne sommes pas crédibles si nous ne mettons pas d’abord de l’ordre chez nous, de l’ordre dans nos comptes.”
Pas de mise sous tutelle du Pays par l’État
“Tutelle : non, partenariat : oui. C’est quand même très paradoxal d’avoir voulu l’autonomie et de revendiquer la tutelle. Je crois qu’il faut un peu de calme, un peu de flegme, un peu de sang-froid, face à la crise même si cette crise est très sévère.”
Il faut garder l'autonomie
“L’autonomie est un très bel outil, ce n’est pas une fin en soi mais je crois qu’il faut garder cet outil. Peut-être l’utiliser différemment que ce que nous avons fait il y a quelques années ici, c’est pourquoi je mets en avant ce mot de partenariat. D’abord Pays-État mais sans oublier les communes. Il y a beaucoup de choses à faire. La tutelle pour moi, c’est un peu une fuite dans l’imaginaire, c’est fuir nos responsabilités.”
La différence entre l'aide à la Grèce et le partenariat avec la Polynésie
“La France ne paye pas 12 000 fonctionnaires de l’État en Grèce et 7 000 retraités. La France n’assume pas en Grèce le fonctionnement de la justice, de la gendarmerie, de la police, etc.
La Polynésie française est une collectivité de la République, l’État français prête de l’argent à la Grèce, ça n’a strictement rien à voir.”
Corrigez les injustices pour éviter une explosion sociale
“Ceux qui s’inquiètent d’une éventuelle explosion sociale doivent se souvenir
qu’en général, à l’origine d’une explosion sociale, il y a une situation
d’injustice, d’inégalité. Que ceux qui se préoccupent d’une explosion sociale,
se préoccupent aujourd’hui et maintenant de ce qu’il peut y avoir de trop
injuste dans notre petite société polynésienne.”
La priorité c'est la réforme électorale
“Le constat a été fait, nous attendons au mois de mai la mission conduite par un conseiller d’État, mission qui sera chargée de proposer une réforme électorale et des retouches institutionnelles. C’est la priorité.
En attendant les élections, que les partis définissent leur programme
Nous ne voterons au mieux que dans quelques mois. Les partis d’ailleurs pourraient utiliser ces quelques mois pour définir le programme que le moment venu ils proposeront aux électeurs. Je n’ai pas connaissance de beaucoup de programme. Et nous avons besoin en démocratie d’une offre variée.”
Changez les pratiques politiques détestables
“La crise vient de l’extérieur comme un révélateur brutal. Il nous faut réinventer un modèle de développement social, économique et humain. Il nous faut changer certaines pratiques politiques, elles étaient parfois détestables.”
Extraits de l'interview du haut commissaire sur RFO le 9 mai 2010.