« En Allemagne j'ai aussi obtenu un extrait de naissance trilingue à la mairie de ma commune de naissance, ce qui serait impossible en France. On y pense plus "Europe" qu'en France apparemment. »
Sylvia Mackert
Mme Mackert me donne l'occasion d'exprimer la forme de bonheur éprouvée au cours d'un séjour récent à Berlin. Outre le fait que la capitale de l'Allemagne réunifiée est absolument magnifique, que la ville a dépassé le stade d'un immense chantier pour offrir aux habitants et aux touristes des habitats, des monuments superbes, j'ai eu la conviction que les Allemands savaient faire face à leur histoire récente et ancienne.
Quel pays oserait affronter l'holocauste, le facisme, la dictature, la division, la STASI, avec autant de liberté et de conscience ? Le monument destiné à ne pas oublier le génocide des juifs d'Allemagne et d'Europe est tout simplement bouleversant. Les parties du mur de la honte conservées et livrées aux artistes permettent de bien comprendre pourquoi ce fut un brise-cœur que de séparer familles, amis, et pourquoi, finalement, la réunification était indispensable.
Mais les Allemands et les Berlinois font plus. Le 8 mai dernier, ils ont inauguré un musée de la terreur aménagé à l'endroit même du siège de la GESTAPO et des bureaux du sinistre Goebbels. Les caves ont été mises au jour, les bunkers sont maintenant visités et ouverts au public gratuitement. L'histoire en face. L'histoire tragique devant les yeux avec les salles de torture et le nacht und nebel…
Les Allemands font plus, écrivai-je. Quel peuple accepterait de conserver, au nom de la mémoire, des monuments érigés à la gloire des soldats soviétiques, de Staline ou encore de Marx et Engels utilisés pour servir l'idéologie mortifère de la DDR ? Cette démocratie allemande a même prévu de faire siéger au Bundestag, près de la chancelière, un représentant du parlement, élu, et chargé de veiller aux conditions de vie et d'accueil des soldats de la bundeswehr sur tout le territoire.
Ne soyons pas idylliques. Même si le coût de la vie est moins élevé qu'à Paris (nettement) il y a des pauvres et des chômeurs en Allemagne et à Berlin aussi. Mais on peut s'y loger sans trop de problèmes (à des coûts accessibles) et les artistes du monde entier s'y sont donnés rendez-vous. C'est dire. De l'ouest et de l'est, sculpteurs, peintres, musiciens, comédiens, danseurs se retrouvent dans une ville verte, ouverte, créative.