Quelqu'un m'envoya par courrier un chapelet en plastique. Comme je regardais ces grains, je sentis que j'étais devant le plus grand de tous les obstacles : Marie (les catholiques n'ont pas idée de la difficulté qu'ont les chrétiens évangéliques à envisager un tant soit peu la doctrine et la dévotion mariales). Comme tant d'autres doctrines de l'Eglise catholique s'étaient révélées bibliquement saines, j'ai décidé de faire un acte de foi devant celle-ci.
Je m'enfermai alors dans mon bureau et priai silencieusement. Je dis : « Seigneur, l'Eglise catholique a eu raison quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent. Le seul obstacle majeur qui reste, c'est Marie. Je te demande pardon d'avance si je t'offense par ce que je vais faire... Marie, si tu n'es même que la moitié de ce que l'Eglise catholique prétend, veuille porter ma demande personnelle - qui me semble impossible - auprès du Seigneur, par le moyen de cette prière du chapelet. »
Et je récitai alors mon premier chapelet. Je le récitai de nouveau à cette intention plusieurs fois la semaine suivante, puis je l'oubliai. Ce n'est que trois mois plus tard que je me rendis compte qu'à partir du jour où j'avais récité mon premier chapelet, cette situation apparemment impossible s'était complètement renversée. Ma requête avait été exaucée !
Je fus frappé de mon inattention et de mon ingratitude. Je remerciai alors Dieu pour sa miséricorde. Je repris le chapelet et, depuis, je le récite chaque jour. C'est une prière extraordinairement puissante - une arme incroyable, qui met en lumière le scandale de l'Incarnation : le Seigneur prit une humble vierge paysanne et l'éleva jusqu'à en faire la personne qui donna une nature humaine sans péché à la seconde Personne de la Trinité, afin qu'il puisse ainsi devenir notre Sauveur.
Quelque temps après, je reçus l'appel d'un vieil ami du temps de l'université. Il avait apparemment appris que je courtisai la "prostituée de Babylone", selon son expression. Il ne mâcha pas ses mots.
« Alors, Scott, est-ce que maintenant tu adores Marie ?
- Voyons, Chris, tu sais que les catholiques n’adorent pas Marie. Ils ne font que la vénérer.
- Vraiment, Scott, quelle est la différence ? De toute façon, il n'y a aucun fondement biblique pour l’un ou l’autre. »
Je ne savais que répondre. Egrenant mon chapelet, je demandai à Marie de me venir en aide. Je m'enhardis à lui répondre :
« Tu pourrais être surpris.
- Ah oui ? Et comment ? »
Je commençais à lui sortir ce qui me venait à l'esprit.
« C'est vraiment très simple, Chris. Souviens-toi des deux principes fondamentaux de la Bible. D'abord, tu sais qu'en tant qu'homme, le Christ a accompli parfaitement la loi de Dieu, y compris le commandement d'honorer son père et sa mère. Le mot hébreu kabodah, qui veut dire honorer, signifie littéralement "glorifier". Par conséquent, le Christ n'a pas seulement honoré son Père du ciel ; il a aussi parfaitement honoré sa mère de la terre, Marie, en lui octroyant sa propre gloire divine.
Le second principe est encore plus simple : l’imitation du Christ.
Nous ne faisons qu'imiter le Christ non seulement en honorant notre propre mère, mais en honorant toute personne que lui-même honore - et avec le même honneur qu’il lui accorde. »
Il y eut une longue pause, puis Chris dit : « Je n'avais jamais entendu ça présenter de cette manière. »
Franchement, moi non plus !
« Chris, c'est simplement le résumé de ce que les papes ont dit pendant des siècles sur la dévotion à Marie. »
Il remonta à l'assaut : « Les papes, c'est une chose, mais où trouve-t-on cela dans l'Ecriture ? »
Je ripostai instinctivement : « Chris, Luc 1, 48 nous dit : « Désormais, toutes les générations ne diront bienheureuse. C'est ce que fait le chapelet, Chris ; il accomplit ce passage de l'Ecriture. »
De nouveau, une longue pause puis Chris changea rapidement de sujet.
À partir de ce moment-là, j’eus le sentiment constant que la récitation du rosaire approfondissait ma pénétration théologique de l'Ecriture. Bien sûr, la clé du rosaire consiste à méditer les quinze mystères, mais je découvris que la prière elle-même apportait une perspective théologique permettant de contempler tous les mystères de la foi à partir de quelque chose qui allait bien au-delà (mais non à l'encontre) des capacités de l'intelligence, jusqu'à ce que certains théologiens ont appelé la "logique de l'amour".
Je découvris cette "logique de l'amour" pour la première fois en contemplant la sainte Famille de Nazareth, modèle de tous les foyers. Cette contemplation me ramenait vers l'alliance et finalement vers la vie intérieure même de Dieu, l'unique sainte Famille éternelle : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cette merveilleuse et captivante vision commença à me remplir le cœur et l'esprit, mais il n'était toujours pas certain que l'Eglise catholique pouvait être reconnue comme la plus fidèle expression terrestre de la famille par alliance de Dieu. J’avais besoin de beaucoup plus d’étude et de prière pour en arriver là.