Que n’a-t-on entendu les politiques et les économistes nous expliquer abondamment que la solution de la crise passait par un gouvernement économique européen, que son absence était pratiquement incompatible avec l’existence de la monnaie unique ? À tous, cela paraissait frappé au coin du bon sens. Or, quelle est la première tâche et responsabilité d’un gouvernement, dans le domaine économique, si ce n’est l’établissement du budget annuel ? Donc, proposer un gouvernement économique européen pour résoudre la crise et empêcher qu’elle ne se reproduise, veut dire que les nations délèguent l’établissement, ou du moins le contrôle, de leur budget à un organe européen. Or, que constate-t-on (je dirais une fois de plus) ? Lorsque la Commission européenne propose que les budgets nationaux soient soumis à l’approbation des ministres des finances réunis en comité européen, tous les responsables politiques, toutes tendances confondues, refusent cette proposition au prétexte qu’il s’agirait d’un abandon inadmissible de la souveraineté nationale. Actuellement, les gouvernements envoient à la Commission européenne un document résumant leur budget, une fois celui-ci adopté par leur Parlement. C’est en envoyant ce résumé que le gouvernement grec a dissimulé la vérité de ses dépenses et du déséquilibre inadmissible de ses budgets successifs. Comment ne pas penser que tous les gouvernements ne font pas, plus ou moins, la même chose ? Qui pourrait croire qu’un gouvernement n’a jamais rien à cacher dans l’établissement de son budget ? De plus, a-t-on jamais entendu parler d’une critique formulée par la Commission européenne à la lecture de ces documents ? La vérité est qu’une fois de plus les paroles des politiques n’ont rien à voir avec leurs actes. Comment le citoyen pourrait croire que le pire n’est pas devant lui lorsque la rigueur (au vrai sens du terme !) n’est pas considérée, par les responsables politiques, comme indispensable dans la gouvernance européenne ?