Nous vous l'avions annoncé ici-même, cinq développeurs indépendants se sont associés récemment pour proposer un pack de titres de qualité pour un prix fixé par l'heureux acquéreur lui-même. Alors que l'opération est terminée, voici l'heure de dresser un bilan des ventes grâce aux chiffres généreusement dévoilés en détail par les promoteurs de l'opération. Signalons tout de suite que l'opération a été un grand succès et qu'un jeu supplémentaire a même fait son apparition pendant la semaine pour remercier les acheteurs (Samarost 2, un point & click développé par Amanita Design, qui nous ont livré récemment l'excellent Machinarium).
Plus de détails sur les bénéfices récoltés, la répartition des ventes et quelques pensées lucides sur le piratage après le saut.
Premièrement, notons que pas moins de 1 147 017 dollars ont été récoltés au cours de la semaine grâce à 125 195 ventes, pour une moyenne donc de 9,16 dollars par contribution. Si la moyenne donnée me paraît relativement basse par rapport au nombre de jeux dans le pack, force est de constater qu'elle demeure quelque part raisonnable. Le fameux principe du "pay what you want" est également là pour faire craquer des joueurs qui n'auraient pas dépensé leur argent dans le cas contraire et en profitent pour découvrir les jeux sans prendre de risques financiers. Par ailleurs, il est probable que certains acheteurs disposaient déjà d'un ou plusieurs jeux du pack (World of Goo s'était écoulé en de nombreux exemplaires par exemple) et n'ont pas estimé devoir le payer plusieurs fois pour ainsi dire. Au final, il faut souligner le nombre de ventes impressionnant réalisé en une semaine, surtout si l'on met en perspective le fait que la campagne reposait entièrement sur le bouche-à-oreille et que le pack proposait des titres indépendants généralement peu connus.
La répartition des ventes par plateforme est des plus intéressantes puisqu'il apparaît que 85 000 d'entre elles ont été réalisées sur Windows, un petit 30 000 sur Mac et 21 000 sur Linux. J'avoue ne pas avoir de claire estimation du nombre d'utilisateurs respectifs de ces systèmes d'exploitation mais il apparaît que les joueurs sur Mac et Linux sont relativement plus représentés par rapport au parc de machines installé. Qui plus est, ces derniers sont apparemment également plus généreux puisque le prix moyen des acheteurs Windows est de $8,04, des utilisateurs de Mac $10,24 et des aficionados de Linux $14,55. Les utilisateurs de logiciels libres seraient-ils plus sensibles à la cause des développeurs indépendants ? Notons au passage que les jeux Aquaria, Guish, Lugaru HD et Penumbra Overture ont promis de passer "open source".On retiendra aussi que 354 671 dollars ont été attribués par les joueurs aux associations caritatives, soit un petit 31% du total.
Enfin, les promoteurs du pack ont fourni une analyse pleine de bon sens sur l'importance du piratage, ses raisons probables et son impact sur les ventes. On ne peut que saluer des développeurs ouverts d'esprit et évitant de sombrer dans la facile stigmatisation des pirates pour plutôt chercher explications et réponses adaptées. Sans rentrer réellement dans les détails - je ne peux que vous conseiller d'aller lire la page directement, c'est très instructif -, signalons que Wolfire estime à environ 25% le taux de piratage du pack, tout en demeurant évidemment prudent sur la validité des calculs. L'auteur suggère ensuite quelques pistes pour expliquer ce phénomène, qui peut paraître étonnant puisque les acheteurs payaient le prix qu'ils jugeaient adéquat. Ainsi, certains sont probablement trop fainéants pour se donner la peine de payer et trouvent plus simple de télécharger directement ou ne possèdent peut-être pas de moyens de paiement sur Internet (jeunes sans carte bancaire par exemple) ; d'autres ont pu décider de faire une seule grosse contribution et de partager ensuite avec leurs amis les jeux plutôt que de faire X plus petites donations. Voilà pour les pistes les plus convaincantes à mon avis, viens maintenant la question de l'attitude à adopter face à ce phénomène. Et la réponse est ici limpide et tellement plaisante que l'on souhaiterait en vain que certains s'inspirent enfin de ce genre de pratiques intelligentes : rien. En effet, les organisateurs de l'initiative arguent "qu'aucun utilisateur légitime (i.e. ayant payé) ne devrait être gêné par la lutte contre le piratage" et qu'ils préfèrent se concentrer sur la création de jeux vidéo intéressants plutôt qu'autre chose.
Pour conclure ce billet, félicitons tous les développeurs qui ont contribué à ce pack et souhaitons-leur longue vie pour nous proposer toujours plus de titres indépendants de qualité !