Que deviendrait le Royaume Uni si sa Reine devenait une dévoreuse de livres ?
C'est ce que s'amuse à imaginer Alan Bennett dans La Reine des lectrices. Après une promenade dans le parc de Westminster, les chiens royaux échappent à leur maîtresse, la Reine. Heureusement, elle les retrouve derrière le château aboyant après un bibliobus. Gênée, elle décide de s'excuser de l'attitude déplacée et indigne de ses chiens. Elle monte dans cette étrange bibliothèque, pour en ressortir avec un livre. Son addiction débute alors et le Royaume Uni ne sait pas encore qu'il va se retrouver sans dessus-dessous.
Alan Bennett fait de cette première scène cocasse, un roman incongrue et élégant où la Reine n'est jamais dépréciée. Au contraire, cette passion soudaine agit comme une révélateur sur le fardeau que constitue le protocole et la couronne britannique. Alan Bennett libère la Reine ! Il la rend fantaisiste et proche de son peuple. Alors évidemment elle néglige ses chiens et son conseiller Kevin. Petit à petit sa passion s'invite dans les visites officielles, les diners politiques, et les soirées avec le prince consort. Mais jusqu'où la mènera cette obsession ? Alan Bennett ne manque ni d'humour, ni d'imagination pour faire d'une idée simple, un roman savoureux et inattendu. Le dénouement en surprendra plus d'un.
Alors si vous n'avez pas de galas à présider, de colloques à animer, d'émissions de télé à présenter, ou même de pays à gouverner, coupez vous du monde quelques instants pour lire, ça pourrait changer votre existence !
La Reine des lectrices, d'Alan Bennett, éditions Folio, 121 pages, 4 euros.