La vieille dame n’a jamais fini de changer. Qu’elles viennent d’ici ou d’ailleurs, les influences du lifestyle à la française s’affirment de plus en plus comme celles du bricolage, de la fraude et autres tours de passe-passe avares.
Si je fais confiance à mes sources principales d’information, la crise a gagné mon porte-monnaie. Ca, ça me regarde. Mais quand cette « crise » gagne les esprits … Au-delà du presque discours du « vivre ensemble », le nouvel art de vie français se veut lui aussi en crise.
A en croire le baromètre BrandActsObserver 2010, les marques préférées des Français sont les marques qui agissent dans leur environnement. La notion d’action succède aux grandes réflexions entre intellectuels des années de Guerre froide. Nous avons tous une cause à défendre, et certains d’entre nous vont jusqu’à se rassembler pour faire bouger les choses sous forme d’association ou autre. C’est le cas de Franciliens qui en ont eu marre de s’acquitter de leurs titres de transports quotidiens et qui ont mis en place le système des Tontines : une mutuelle permet au fraudeur de payer son amende lors d’un contrôle. Pour 5 à 7€ par mois, vous êtes assuré et pouvez continuer à voyager gratuitement. L’esprit au service de la fraude, monsieur et madame tout le monde fait ce qui lui plait, c’est ça vivre à la Française.
Oubliez un Paris plein d’esthètes, de femmes à la démarche Dior et de garçons délicats, la France se veut différente, elle ne veut plus entendre cette image des années folles, naïves et libertines. Les comportements de pauvre sont au goût du jour, la tendance est à l’autofrustration. Dire ouvertement « j’ai dépensé sans compter » fait honte, témoigner devant un micro « j’ai quatre enfants et je vis dans une cave avec des rats » fait de vous un héros de la vie normale. Au-delà de la masturbation collective organisée depuis 1789 autour d’une pauvreté sublimée, d’une modestie revendiquée, jusqu’à l’extase du Téléthon, parce que « les pauvres, y vont mourir sans cheveux et sans le sous », vivre dans l’esprit de ses contemporains signifie aimer les divertissements pauvres de goût et le revendiquer. Se cacher derrière ses factures, faire le modeste et regarder « Les années bonheur », c’est ça vivre à la Française.
Finie la vision du monde du travail comme une deuxième famille, voici venu le temps du salarié résistant : il vient et travaille tous les jours dans son entreprise, au même endroit, pendant plus de 3 voir 4 ans, mais n’aime pas vraiment ce qu’il fait. Alors, il vole au bureau, comme pour se récompenser des efforts qu’il fait. Le nouveau lifestyle français s’arme d’un outil de soulagement : la cleptomanie au bureau. Une façon d’être qui permet une victoire, l’impression d’avoir gagné quelquechose, d’avoir eu une journée productive, comme un séjour en Egypte duquel on a ramené son nom écrit en égyptien ancien sur une feuille de papyrus. Vouloir toujours plus, tout de suite et gratuitement, c’est ça vivre à la Française.
J’aurais tellement aimé vous faire une conclusion qui tonne et raye le parquet à se taper dessus de rire, mais je préfère cette chanson comme mot de la fin.
Pour aller plus loin
Ils s’organisent pour frauder dans les transports
Audiences TV : Les années bonheur en tête
Face à la cleptomanie au travail, les entreprises s’organisent