Steve Mason - Boys Outside

Publié le 12 mai 2010 par Stéphane Kahn

The Beta Band, Route du rock 2004

Quand je les ai vus, en 2004, à la Route du rock à Saint-Malo, je ne savais pas que le Beta Band était au bord de la rupture. Après sept ans d'activisme musical, une quarantaine de morceaux barrés, un DVD complètement fou et, surtout, quatre albums inégaux mais durablement marquants, c'était bien l'un de leurs derniers concerts...

Bien sûr, le groupe écossais ne fut jamais meilleur qu'à ses débuts, avec le cultissime The Three E.P.'s (même pas, comme son titre l'indique, un vrai album !) et je ne remercierai jamais assez un ami de me l'avoir offert à l'époque. Mais voilà, ce fut, sept ans durant, un groupe unique, influent, dont les penchants psychédélique s'accommodaient de la fréquentation des dancefloors et dont la neurasthénie probable accouchait de pop songs bizarres et brinqueballantes... À l'époque, aux États-Unis, Beck sortait Odelay, on l'adulait. En Europe, les bricolages de Steve Mason et ses potes n'eurent pas le même écho ; cela leur évita sans doute de tourner en rond, de psalmodier toujours la même chanson... Ce Beta Band méconnu, pourtant, on l'a un peu entendu sans forcément le savoir : dans la bande son de publicités grotesques pour les produits laitiers ou, plus opportunément, dans la boutique du disquaire de Haute fidélité, le film de Stephen Frears d'après Nick Hornby (voir ici, à la fin de l'extrait, les vertus magiques du morceau Dry the Rain pour relancer l'industrie du disque)...

Mais le Beta Band jeta l'éponge, dirent-ils à l'époque, faute de succès, par lassitude. Son leader, Steve Mason, s'aventura ensuite dans King Biscuit Time, sorte d'ersatz rachitique de sa première formation. Las ! Je ne sais même pas si les disques de King Biscuit Time sortirent en France. Ils étaient assez beaux pourtant, touchants dans leur dénuement, mais bien trop discrets pour raviver la flamme. Mason passa ensuite par les cases rupture, dépression, et voilà qu'aujourd'hui, alors que nous n'attendions plus rien de lui, il sort un disque sous son propre nom, et chez Domino qui plus est (le genre de label capable de le publier et de le défendre correctement).

Ce Boys Outside pourrait (presque) être un nouveau disque du Beta Band (c'est évident avec le premier single, sublime, Lost and Found). Si les morceaux de King Biscuit Time ressemblaient trop souvent à des démos, ceux de Steve Mason sont ouvragés à la perfection. On y retrouve, en embuscade d'une production léchée, ses rythmiques acoustiques envoutantes, ses mélodies évidentes portées par un timbre aussi las qu'hypnotisant. C'est dire s'il faut découvrir ce disque toutes affaires cessantes.

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