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No country for old men, de Cormac Mc Carthy

Publié le 12 mai 2010 par Onarretetout

nocountryforoldmenLe style de Cormac Mc Carthy est sec. Des actions, successives, sans s’encombrer des pensées des personnages. On est saisi, le suspens s’installe aussitôt. Mais il vient un moment où j’ai l’impression que ça tourne à vide. Qu’il n’y a rien que la violence, le sang qui éclabousse déjà avant d’arriver en bas de la page 10, la drogue, les millions. Et puis, quand même il y a ces pages en italique, ce que se dit le shérif Bell, que je n’approuve pas, exceptée son humanité. Il n’y a pas de héros avec qui vraiment sympathiser. Moss, on devine très vite qu’il se bat contre beaucoup plus fort que lui. Pourquoi plus fort ? Parce que Chigurh, sorte d’ange exterminateur (Mc Carthy ira même jusqu’à évoquer L’Apocalypse, ici désignée sous le titre Les Révélations) ne varie pas (« Je n’ai qu’une façon de vivre. »), honnête à sa manière, honnête mais tueur. Un enfant prendra l’arme qu’il a abandonnée à la fin. On se rappelle ses phrases : « Chaque instant de votre vie est un tournant et chaque instant un choix. Quelque part vous avez fait un choix. Tout a découlé de là. » L’enfant ramassant l’arme ouvre un avenir encore pire que le présent du livre. Le shérif Bell le pressent. Toute la fin tourne autour d’une culpabilité personnelle, mais aussi autour de ce pays qui s’est livré au diable, celui de la Bible. Bell devait protéger les siens (ses camarades de combat en Europe, ses administrés) et il n’y parvient pas. Il incarne une partie de l’histoire de l’Amérique, du monde (« Si je comprends mieux comment tourne le monde j’ai payé pour ça. »). Il rêve de son père avançant dans l’obscurité de l’avenir, une faible lueur à la main, pour y mettre le feu.
Trois portraits de femmes sont dans ce livre, qui viennent faire le contrepoint aux hommes : Loretta, épouse de Bell qui le rassure et le soutient (c'est elle qui lit Les Révélations), Carla Jean, jeune femme de Moss, qui garde en lui une confiance inébranlable, et une jeune auto stoppeuse qui voudrait aller en Californie pour recommencer sa vie. On ne recommence jamais sa vie.
On a beaucoup parlé de la traduction du titre. C’est un vers de Yeats, poète irlandais, et j’imagine qu’il y aurait aussi à dire sur la traduction du livre, non que François Hirsch s’y soit mal pris, mais comment rendre une langue qui bouscule à ce point verbes, conjugaisons, ponctuations.
Enfin, c’est un homme de 70 ans qui écrit. Il se pose sans doute ces questions du bien et du mal, de ce qu’il y avait avant et de tout ce qu’il a fallu passer comme difficultés, du fait qu’on ne pensait pas que ce serait si dur, et encore plus dur à la fin. Peu de temps après ce livre, il a publié La route, ouvrage déjà évoqué dans ce blog (« quelque part là-bas dans tout ce noir et dans tout ce froid », dit l'avant-dernière ligne de No country for old men).

Ce matin, à 10 h 50, quelqu'un cherchait des informations sur Louise Doutreligne et a effectué la 15000e visite à ce blog, sur la page de Don Juan d'origine.


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