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Le pari américain face au défi haitien Par Pierre-Richard...

Publié le 12 mai 2010 par 509
Le pari américain face au défi haitien Par Pierre-Richard Cajuste et Jean-Robert Hérard*
Le « débat » passionné, qui a cours ces jours-ci autour de la constitution de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), de par ses orientations fondamentales et son contenu insidieusement politicien, est loin de toucher le fond du problème. On a vu que certaines interventions dans les médias, purs produits des enthousiames primesautiers et du déni de la réalité existante, passent tout à fait à côté de l’enjeu politico-stratégique qui fonde la formation de cette Commission. C’est facile de tomber dans des invectives empreintes d’un fort relent de nationalisme éculé et d’éviter d’imaginer une approche plus réaliste et plus adaptée à la situation actuelle. C’est facile de vociférer et de crier haro sur le baudet de la « mise sous tutelle », d’élucubrer sur la « perte de souveraineté », de fantasmer autour de la présence sur le territoire national de prétendus Sonthonax et Polvérel !….Oui, c’est facile ! Car le contraire exigerait un effort de recherche, de réflexion, d’auto-critique et aussi… de courage politique pour admettre que la culpabilité est aussi partagée.
Le risque évident de ce piétinement théorique, de l’insipidité de ces faux débats reste le galvaudage intellectuel d’une opportunité, d’une chance – la dernière, peut-être ! – que les Haïtiens ne peuvent se payer le luxe de laisser passer. Les enjeux politico-stratégiques et opérationnels de cette Commission intérimaire revêtent une importance particulière et ne sont guère des trouvailles de dernière heure du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon, ou de l’ancien président américain Bill Clinton. Elle est la résultante d’un long processus tapissé de crises politiques, d’échecs économiques, de passions idéologiques effrénées, de despotismes, de répressions, d’interventions militaires dans l’arène politique, d’interventions de la politique dans les casernes militaires, d’erreurs de politiques stratégiques, de tactiques politiques erronées, d’ une carence de vision globale, etc… Et si aujourd’hui l’Organisation des Nations Unies semble avoir la haute main dans les affaires du pays, c’est tout bonnement parce que c’est par elle que la prise de conscience de la situation haïtienne est arrivée aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale.
Origines de l’engagement de la communauté internationale
La préoccupation de la communauté internationale par rapport à la situation haïtienne ne date pas d’hier. En ce sens que l’implication de l’ONU dans les affaires nationales haïtiennes fut une aventure politique théorique et opérationnelle menée techniquement par l’organisation mondiale qui a fini par inscrire Haïti dans ce que le philosophe appelle « le grand jeu de l’historico-mondial ». Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a dévasté une bonne partie du pays a effectivement mondialisé la cause haïtienne à un point tel que la prise en charge, l’engagement des nations donatrices et l’application du concept de « responsabilité partagée » semblent maintenant devenir des réalités incontournables. Il n’en reste pas moins que les Nations Unies se sont penchées sur le problème haïtien depuis qu’en juillet 1949 le Conseil Économique et Social (ECOSOC) de cet organisme publiait le rapport de la Mission d’assistance technique des Nations Unies auprès de la République d’Haïti. Ce rapport signé personnellement par le Secrétaire général d’alors, Trygve Lie, a salué la Mission comme « une innovation dans l’ordre des activités des Nations Unies » et comme une sorte de « prélude aux plus vastes efforts que les organisations internationales intéressées [seraient] appelées à déployer […] dans l’exécution du programme audacieux d’assistance technique aux pays insuffisamment développés ».
La question de « développement » n’a jamais été abordée ; l’impératif des crises politiques successives dans le pays a fini par gommer toute initiative de penser une nouvelle stratégie de développement. Bien que les partenaires techniques internationaux rassemblés au sein de l’ONU aient compris que cet « État en faillite » n’est pas à même de jouer ses fonctions régaliennes, il reste que la politique a damé le pion à toute autre option politique.
Les premières élections présidentielles transparentes, honnêtes et justes réalisées dans le pays ont été organisées par les Nations Unies en décembre 1990 quand la Présidente provisoire d’alors Mme Ertha Pascal Trouillot en a fait la demande expresse.
Mais le coup d’État militaire du 30 septembre 1991 qui avait renversé le Président constitutionnellement élu Jean-Bertrand Aristide et la période d’instabilité grave qui s’en était suivie, ajoutés aux pressions et sanctions internationales, ont conduit à la saisine du cas haïtien par le Conseil de Sécurité. La Résolution 940 du 31 juillet 1994 évoquait le Chapitre 7 – Haïti comme menace à la paix et à la sécurité internationales — et autorisait l’usage réel de la force en Haïti pour déloger les militaires putschistes en septembre 1994 et favoriser le retour au pouvoir du Président Aristide.
Dans la même foulée, le Conseil de Sécurité, dans la résolution 1212 de 1998, avait invité les organismes et institutions des Nations Unies, en particulier le Conseil Economique et Social, à contribuer à l’élaboration d’un programme d’aide à long terme à Haiti. Une grande première dans l’histoire de l’Organisation, en effet !
Plus tard, la résolution 1999/4 du 7 mai 1999 de l’ECOSOC qui a créé le Groupe Consultatif Ad Hoc est en ce sens très significatif puisque sa mission est de formuler des recommandations sur les dispositions à prendre pour que l’aide internationale à Haiti soit suffisante, cohérente, bien coordonnée et efficace. Toutefois, l’instabilité politique n’a permis au groupe de fonctionner seulement pendant une période de trois mois.
En 2004, après le renversement par la force du président Aristide, le Chef du Gouvernement Intérimaire, le Premier Ministre Gérard Latortue, demandait à l’ECOSOC de réactiver le Groupe Ad Hoc et le programme d’aide à Haïti. Cela a pris effet lors des Sessions de Fonds du 23 juillet 2004 et du 11 novembre 2004. Par lettre en date du 27 juin 2005, destinée au président de l’ECOSOC, le Chef du gouvernement intérimaire a fait savoir que son gouvernement a pris la disposition de constituer une cellule de réflexion stratégique, un « Think Tank », dont le mandat sera de définir le contenu du programme à long terme et de travailler en étroite collaboration avec le « Groupe Consultatif Ad Hoc. »
En réitérant cette demande, le Gouvernement Intérimaire a, sans nul doute, engagé le pays dans une autre forme de coopération sensible, dans la mesure où un organisme international est invité à préparer pour le compte de l’actuel et des futurs gouvernements haïtiens des programmes à long terme de développement. Le schéma que le Premier Ministre Latortue avait à l’esprit n’a rien à envier à la constitution de cette Commission intérimaire d’avril 2010.
Avec l’élection de Ban Ki Moon comme Sceretaire Général, l’Organisation a commencé à repenser sa stratégie en Haïti. Les divers échecs essuyés sur la question haïtienne ont poussé les décideurs à rejeter la démarche conventionnelle pour embrasser une nouvelle approche axée sur l’investissement. Ce tournant s’est inscrit dans les débats au sein du Conseil de Sécurité quand la Chine et la Russie se sont poussés en avant avec l’analyse a savoir que la question haïtienne n’est pas seulement politique mais que la situation socioéconomique du pays devrait être adressée avec autant d’urgence que de rigueur et de rationalité si l’on ne veut pas être pris au piège de cette instabilité chronique.
Alors que ce débat faisait son bonhomme de chemin dans les couloirs de cet immeuble de vert glauque surplombant l’East River, entre les diplomates échangeant, entre autres, leurs opinions sur la dernière collection printanière des complet-vestons de chez Savile Row ou de chez Brooks Brothers, des « scholars », comme l’économiste Paul Collier, sur la demande du Secrétaire General, ont voulu se prononcer sur la question haïtienne. La nomination de Bill Clinton en septembre 2009 comme Envoyé Spécial du Secrétaire Général entrait dans cette logique de prise en charge face à l’incapacité des acteurs nationaux à prendre en mains les destinées du pays.
L’on savait que Bill Clinton, comme ancien Président des Etats-Unis, allait utiliser son influence pour non seulement inciter les investissements dans le pays, mais aussi porter les donateurs à respecter les engagements pris vis-à-vis du pays. Tout semblait aller comme sur des roulettes quand la crise créée par la destitution prématurée et gratuite du Premier Ministre Michèle Pierre-Louis est venue bloquer le processus et épouvanter quelque peu les potentiels investisseurs qui avaient préalablement payé une visite guidée au Bord-de-Mer, constaté le potentiel d’Haïti et finalement envisagé l’exécution de projets dans le pays.
Le contexte post-12 janvier 2010 venait à relancer le dossier Haïti avec plus de rigueur à un moment où l’on craignait un « ras-le-bol des donateurs » vis-à-vis de la question d’Haïti. La communauté internationale est parvenue à la conclusion que les perfusions traditionnelles ponctuelles au malade ne sont pas suiffisantes, mais qu’il faut plutôt une intervention chirgucicale, drastique pour extirper les maux qui rongent le pays.
L’absence d’une doctrine de la pauvreté
Qui ne se souvient des grands débats idéologiques des années 60 sur les diverses théories de la modernisation et de la dépendance entre les théoriciens, académiciens en Occident et dans le Tiers-Monde. De Walt Rostow et Samuel Huntington à Raul Prebisch et Samir Amin en passant par André Gunder Frank, il faut croire que la Guerre Froide attisait la chaleur des grands conflits intellectuels et théoriques sur les voies du développement et de la lutte contre le sous-développement.
La décade 70-80 a connu aussi l’émergence de nouvelles théories sur le développement parmi les intellectuels marxistes et non-marxistes et sur les diverses stratégies appropriées pouvant aider les pays en voie de développement à sortir de l’ornière de la pauvreté. Toujours dans le registre de l’eschatologie marxiste, on se souviendra des grandes articulations discursives des Paul Sweezy, Paul Baran, Charles Bethleheim, et plus tard, James Petras, Irwing Kristol et consorts sur la dépendance d"un Tiers-Monde se débattant à la périphérie du centre impérial. Ce genre de discours qualifié de « progressiste » a eu ses adeptes et…ses critiques. Jusqu’à date, il fait florès dans certains milieux où l’on discute passionément sur les veines ouvertes de l’Amérique Latine dénoncées par l’Urugayen Eduardo Galeano. Un oeuvre considéré comme une sorte de Bible, de « Popol Vuh » moderne pour les militants de la gauche et même pour un dirigeant socialiste au pouvoir comme Hugo Chávez, comme l’avait été une décade plus tôt celui de Pierre Jalée sur le pillage du Tiers-Monde. Bref, nous citons cette époque parce qu’elle avait mis bas, en pleine guerre froide, une atmosphère chaude de débats politico-idéologiques hautement intellectuels, desquels les idées articulées étaient opérationnalisées et empiriquement testées et modelées dans la glaise du réel par les dirigeants du Tiers-Monde assistés des bailleurs de fonds. Il y avait des doctrines du « développement », dont la validité - ou non - pouvait être évaluée. Chaque camp – Etats-Unis et Union Soviétique - se débattait avec sa cohorte d’alliés pauvres du Tiers Monde pour chercher à tirer ses marrons du feu de ces expérimentations conceptuelles pour enfin fièrement proclamer la vérité de leur Utopie.
Aujourd’hui, le contexte n’a plus cette configuration d’échanges/conflicts théoriques sur les réalités des pays pauvres. Et pour cause. Avec la fin de la guerre froide et l’échec des programmes d’ajustement structurel prônés durant la décades 80-90 par les institutions de Bretton Woods, les pays riches se sont engagés dans une spirale de lutte contre la pauvreté dont les tenants et les aboutissants ne s’arcboutaient sur aucune doctrine scientifique, bien spécifique. Les défaites expérimentées avec l’application des théories dites scientifiques dans les pays capitalistes de la périphérie, la perversion et l’échec des initiatives marxistes-léninistes tentées par divers pays du Tiers-Monde ont conduit au constat de la réalité de la pauvreté comme marque fondamentale des pays don’t certains comme Haïti se situent nettement en dehors de l’historico-mondial capitaliste.
On a beau critiquer les manquements du système, les failles des institutions d’État, le déficit de savoir-faire, le délabrement des infrastructures –surtout après le 12 janvier 2010 – etc…on dénonce, on dénonce tout ça de manière ponctuelle, sans s’accorder sur une vision nouvelle de ce que devrait être la gouvernance politique. En un mot, il n’existe pas de corpus doctrinaire sur la thématique de la pauvreté et de l’Etat en faillite qui structure les énoncés des politiques publiques dans une sorte de paradygme scientifique qui serait le modèle, le « blueprint » à adopter et à mettre en oeuvre…Les DSRP sont-ils parvenus à cet objectif final ? Vont-ils permettre aux pays de satisfaire les objectifs du Millénaire prévus pour 2015 ? La question reste ouverte…
Dans la perspective d’arriver à un consensus universel sur la question de la pauvreté et de la bataille pour son éradication, les Nations Unies ont parrainné quatre conférences internationales qui ont créé l’espace pour l’articulation des négociations entre les pays développés et les pays émergeants en vue de ré-équilibrer l’équation de la planète. Il s’agit du Sommet du Millénaire de 2000, du Sommet de Doha (Qatar) en 2001, suivi par la confirmation des engagements des pays riches lors de la Conférence sur le financement du développement de Monterrey en mars 2002 et de la Conférence de Johannesburg de septembre 2002 sur l’environnement et le Développement Durable.
L’inévitabilité du « success story » américain
L’image du Président Bill Clinton accompagné de l’ex-président George W. Bush déambulant sur les ruines de Port-au-Prince contient une charge symbolique que l’on aurait intérêt à décrypter dans l’intérêt de l’analyse sur l’implication des Etats-Unis dans la crise haïtienne. Pareille symbolique est on ne peut plus éloquente et elle ne véhicule qu’un message : l’engagement des Etats-Unis en Haïti s’est articulé sur une base bipartisane (Démocrates et Républicains). Un genre de consensus, de « contrat politique » que la culture politique américaine généralement privilégie et chérit. Ce qui, malheureusement fait défaut chez nous.
La vénération quasi-religieuse de la Présidence en tant qu’institution fait partie intégrante de la symbolique patriotique américaine. Elle est fondamentale dans la culture politique du pays — même quand et surtout quand il s’agit d’un ancien Président. L’ethos américain ne s’accomode pas de l’échec ou de l’humiliation d’un Président en exercice ou d’un ancien Président qui continue à jouir de l’aura d’honneur dont l’a couvert la fonction éminement prestigieuse qu’il a occupée au numéro 1600 de la Pennsylvania Avenue à Washington. Ce n’est pas une mince affaire : il n’y a qu’à regarder l’apothéose, la grandeur et le faste qui entourent les fameuses inaugurations des « Libraries » des anciens Présidents, une forme muséographie présidentielle visant à faire perdurer dans l’imaginaire américain les moments forts de leur passage au Bureau Ovale. Ainsi on voit mal que l’Establishment américain, le Président Barack Obama en particulier, va laisser le Président Bill Clinton se casser les dents sur la coque dure de la réalité volatile d’Haïti. L’on dira que le passé est là qui témoigne de ces échecs successifs des Etats-Unis en Haïti. Oui, c’est un point valable ! Mais la réalité est tout autre cette fois-ci. Pourquoi ?
Pris dans le bourbier afghan et irakien, incertain des pulsions incontrôlées d’Amadinejade et des envolées lyriques d’Hugo Chávez, il n’y a au tableau que la République d’Haïti qui offre au Président Obama l’espace rêvé pour l’articulation d’une histoire de succès politico-diplomatique.
D’un autre côté, l’engagement international, surtout américain, se présente du côté haïtien comme un choix entre la solidarité intéressée des partenaires techniques internationaux et la menace d’apocalypse pesant sur le pays si les Haïtiens sont laissés livrés à eux-mêmes. L’un des signes que les choses ne sont pas les mêmes qu’en 1990 et que les allégeances politiques peuvent ne plus épouser les contours idéologiques du passé, c’est l’entente tacite entre des intellectuels et des fractions des masses populaires qui se retrouvent sur la même longueur d’ondes, dans ce partage du destin qui s’exprime comme l’exaltation sacrificielle d’une solidarité internationale.
De 2004 à nos jours, la partie haïtienne engagée dans les négociations avec l’ONU, principalement par la faiblesse patente d’une diplomatie multilatérale incohérente et/ou l’absence d ‘une compréhension réelle des problèmes et du fonctionnement de l’organisation des Nations Unies, ne s’est pas rendue compte que le pays doit enfin emprunter la voie de la « responsabilité partagée ». Bref, elle n’a pas su honorer ses responsabilités. C’est précisément ce manque qui explique que la communauté internationale a unilatéralement augmenté son influence numérique et ses responsabilités au sein de la Commission intérimaire. Ce déséquilibre se lit aussi comme l’expression d’un manque de confiance par rapport aux dirigeants haïtiens. Ce n’est pas un hasard que les médias internationaux et américains ont matraqué durant des semaines l’esprit des téléspectateurs sur les accusations de corruption et de mauvaise gestion des gouvernants haïtiens de Duvalier à nos jours. Le Président René Préval jouit de l’appui politique de la communauté internationale, certes ! Mais la « stabilité » dont se vantait le Président Préval — stabilité qui n’était autre que le silence de l’opposition traditonnellement vocale et médiatique – semble avoir pris fin…
C’est un fait qu’aujourd’hui l’« œcuménisme » du Président René Préval a sauté de toutes pièces et que les chapelles d’opposants s’éparpillent pour confesser publiquement leurs désaccords. La lune de miel étant terminée, les uns et les autres pourront user de leur pouvoir de convocation et leur capacité de nuisance pour subervertir le processus. L’espoir, dans ces conditions, est que l’intervention décisive de cette Commission intérimaire dans la réalité de la Reconstruction va coaguler le flot des passions politiciennes de l’opposition.
Le fait est que la Loi d’Urgence est irréversiblement votée et que l’existence de la Commission intérimaire est une réalité de l’heure. Que faire ? C’est la grande question pour les commentateurs. Pour beaucoup, ce nouvel espace de développement de la solidarité internationale reste une opportunité, tout en ayant à l’esprit une démarche inclusive, consensuelle la seule voie pour sortir Haïti de ce que le philosophe Bernard-Henri Lévy appelle « la nuit de la non-Histoire ». Et, c’est aussi Aragon qui nous apprend que « quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».
* Jean-Robert Hérard ([email protected]) est un ex-Ambassadeur d’Haïti au Venezuela, et Pierre-Richard Cajuste ([email protected]), ex-Délégué haïtien aux Nations Unies.

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