"Jamais le marché unique n'a été aussi peu populaire. Pourtant, il est aujourd'hui plus nécessaire que jamais. La crise grecque, désormais devenue la crise de l'euro, le montre clairement. La Grèce a, certes, un problème de dette publique, mais celui-ci est en grande partie le reflet d'une économie qui a un déficit de productivité, de compétitivité, donc de croissance. Ce pays est réfractaire au marché unique et à la concurrence. Il n'a pas su combattre les corporatismes et les rentes de situation, dans les secteurs privé et public. Ses difficultés viennent largement de là.
(…) Mais le problème ne concerne seulement la Grèce. La zone euro utilise moins que d'autres pays l'ouverture et la flexibilité que procure le marché unique. Une zone monétaire ne peut avoir une monnaie solide et une économie performante sans être dotée d'un marché unique digne de ce nom, avec, notamment, une mobilité élevée du travail et des autres facteurs de production. Nous en sommes loin. L'euro devait être la cerise sur le gâteau du marché unique. Or, ce gâteau risque d'être croqué par les nationalismes économiques et la cerise est menacée par la crise actuelle" a déclaré Mario Monti, Président de l’université de Bocconi de Milan, dans une interview accordée au Monde.
Ancien commissaire au marché intérieur (1195-1999) puis à la concurrence (2000-2004), il a remis lundi un rapport intitulé "Une nouvelle stratégie pour le marché unique au service de l'économie et de la société européenne" au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il espère que la crise traversait par l’Europe permette de faire avancer les choses en matière de politique économique commune.
Les citoyens européens perçoivent négativement le marché unique
Mais la communauté européenne devra batailler dur pour arriver à ces fins. La crise à renfermer les gouvernements dans un nationalisme primaire. De plus, les citoyens perçoivent négativement le marché unique. "Les consommateurs souvent n'en voient pas les bénéfices. Les salariés des pays fondateurs s'inquiètent du fameux "plombier polonais". Les Etats y voient une entrave à leur politique de redistribution et un risque pour le système social" explique Mario Monti.