De nombreux signes avant coureurs d'une explosion en mode majeur de la bulle de crédit chinoise et de son économie potemkine se font jour.
Selon David Roche, gestionnaire de fonds à Hong Kong:China managed to escape recession during the global crisis mainly because of bridges, railways and other infrastructure-project spending, estimated to have accounted for about 90% of economic growth last year, according to Roche.About 85% of the funding for these projects was arranged by local government financing vehicles "borrowing money they can never repay" from state-owned banks, says Roche. Nearly 3 trillion yuan ($440 billion) of the 11 trillion yuan extended to these entities has been wasted or stolen, he estimated.
La plupart des investissements financés le sont à fonds perdus, ne généreront pas de flux de cash, et les emprunteurs ne pourront pas rembourser.
Si les nombres cités par M. Roche sont vérifiés, l'explosion de la bulle de crédit chinoise sera particulièrement dure, même s'il est possible, et même probable, que le gouvernement chinois tente de l'étaler dans le temps, en ne dévoilant que très progressivement l'ampleur des prêts "non rentables" dans le bilan de ses banques. Même à 14,5% de fonds propres, si 85% de 90% de la croissance chinoise des deux dernières années a été acquise grâce à des prêts en grande partie impossibles à rembourser, les banques en question risquent de se retrouver en caleçon.
Les banques devront se recapitaliser, mais là bas, les banques sont majoritairement sous contrôle public. Faudra-t-il les privatiser par augmentation du capital et "wipe out" de l'état actionnaire ? Je ne crois pas un tel scénario possible, tant les banques sont liées au parti communiste chinois, mais la politique intérieure chinoise n'est pas ma tasse de Lapsang Sou Chong.
Selon Michael Pettis, il y a un peu plus de 10 ans, la Chine a réussi à gérer une crise de crédits non performants "en douceur", aux frais des épargnants chinois, alors que déjà à l'époque certains anticipaient un krach bancaire. Mais il semble penser que c'est "un peu différent cette fois": les chinois et leur épargne, d'une façon ou d'une autre (vol via des taxes, ou souscription au capital des banques, ou perte de pouvoir d'achat par Quantitative easing) devront sauver le système bancaire, et donc réduire la consommation intérieure chinoise, mais à un moment ou tous les gros clients de la Chine devront réduire considérablement leurs achats, perte de niveau de vie oblige: les chinois, cette fois, ne seront pas sauvés par le boom de leurs exportations.
Quand aux incertitudes liées au manque de transparence des comptes chinois, elles sont nombreuses:
In the past six months the market has become much more passionate about figuring out what China’s debt structure really looks like, and much more worried with what it sees.There is widespread recognition that Beijing’s total debt is not the 20-25% officially recorded, but a lot higher.
In fact going through my calculations I think it is hard to come up with a number less than 60-70% of GDP, perhaps much more, and this is almost certain to rise sharply in the next few years. And there may be stuff out there that I haven’t even considered: For example just how much bad debt is there in the SOEs (NdVB: State Owned Enterprises) ? Are all current non-performing loans in the banking system correctly identified ? How sensitive are NPLs (NdVB: Non Performing Loans) to rising interest rates, or to a rising RMB? Is the PBoC (NdVB: Popular Bank of China) currently solvent, and what would be the impact on net indebtedness of a currency revaluation? Is there municipal and provincial indebtedness that has not been captured in the visible debt, including the guaranteed funding vehicles that Victor Shih famously identified? How much bank debt is collateralized by potentially overvalued real estate? I could go on.
M. Pettis ne croit pas à un écroulement brutal mais plutôt à un réajustement long et difficile de l'économie chinoise, pendant que les épargnants chinois verront leur épargne rémunérée à un taux réglementé artificiellement bas pour permettre aux banques de se "refaire la cerise", si vous me permettez l'expression. Visiblement, la finance Chinoise, question "capitalisme de connivence" avec un gouvernement dirigiste, n'a rien à envier au marigot qu'est devenu Wall Street.
Bref, quelques réussites exemplaires (mais en Chine, cela fait vite plusieurs millions de personnes) seront montées en épingle pour nous vendre le miracle chinois, pendant que le petit peuple restera désespérément en dehors des fruits de la croissance, de préférence hors des caméras. Business as usual.
Bon, mais ce n'est pas parce qu'un écroulement ne s'est pas produit il y a dix ans qu'il est totalement inenvisageable maintenant. Aucune boule de cristal ne semble pouvoir prédire avec certitude l'avenir de l'économie Chinoise.
Quant à moi, prenant pour excuse une fièvre tenace, je préfère m'arrêter là pour ce soir. Grosse déprime, tout de même.
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Chine : moteur de la reprise ou prochaine bulle ? - Ob'lib'
Chine, USA, un bulletin économique pessimiste - Ob'lib'
Who will pay for China Bad Loans - Michael Pettis, professeur d'éco à Pékin. Indispensable.
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