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Matteo Ricci : quatre centième anniversaire

Publié le 11 mai 2010 par Egea

La fascination générale pour la Chine contemporaine ne doit pas faire oublier la fascination ancienne de la Chine pour l'Occident. Deux hommes y étaient connus autrefois : Marco Polo, et Matteo Ricci (qu'ils appelaient Li Ma-Tou). Nous fêtons aujourd'hui le quatre-centième anniversaire de la mort de ce dernier : cela mérite un billet d'égéa.

Matteo Ricci : quatre centième anniversaire

Pourquoi cet homme, ce jésuite, a-t-il joué un rôle si important ?

1/ Parce qu'il a fait l'effort de connaître les Chinois : apprenant leur langue à partir de Macao, puis rédigeant le premier dictionnaire de traduction du chinois. Grâce à une stratégie d'influence auprès des lettrés, il parvient dans l'entourage de l'empereur : il introduit en Chine la science occidentale : mathématiques, astronomie, horloge, astrolabe,... il traduit les Eléments d'Euclide. C'est donc le lettré et l'homme de culture que les Chinois reconnaissent d'abord. Homme de rencontre, il permet également aux Européens de découvrir la société chinoise, à cause de sa volumineuse correspondance : grâce à lui, la Chine sort du mythe pour devenir objet de connaissance..

2/ Il reste une deuxième facette de M. Ricci : la religion. Jésuite, il fournit tout ces efforts afin de convertir les Chinois au culte catholique. Cela passe d'abord par le repérage de la compatibilité du confucianisme avec le christianisme (à la différence du taoïsme, par exemple) : encore faut-il admettre que le culte des morts n'est pas une idolâtrie. C'est au fond le choix de l'inculturation. Or, si à la mort de M. Ricci, à peine quelques centaines de Chinois se sont convertis, ils sont environ un million la fin du XVII° siècle : la descendance spirituelle est nombreuse, et Matteo Ricci est prêt de réussir ce que le nestorianisme avait failli atteindre quelques siècles plus tôt : convertir la Chine au christianisme.

3/ Las ! les jalousies d'autres congrégations jointes à la perte de l'influence jésuite au XVIII° siècle font que le pape Clément XI interdit l'inculturation en 1704 : aucune adaptation liturgique n'est acceptée pour les pays de mission. La décision a sa logique : l'église universelle doit être la même partout, et accepter la différenciation, c'est courir le risque de fragmentation avec donc un biais soit national (modèle orthodoxe) soit dogmatique (modèle protestant); Il reste que cette décision lourde de conséquence empêche une christianisation plus profonde qui, n'en doutons pas, eût changé la face de l'histoire.

Penser à Ricci, c'est donc témoigner à la fois de l'homme de savoir et de l'homme de religion : et les deux sont également passionnants pour qui réfléchit à l'Est et à l'Ouest et se demande si Kipling, estimant que jamais ils ne se rencontreront, connaissait Li Ma-teou....

O. Kempf


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