François Campeau est gestionnaire institutionnel chez Trilogy à New York. Ce québécois originaire de ville Lasalle et diplômé des HEC de Montréal vit son rêve à fond depuis 10 ans. Il a joint les rangs de Trilogy dans un moment clef de son histoire. Stephen Waite, gestionnaire étoile en télécommunications brillait encore de tous ses feux et le professeur William Sterling gonflait encore les actifs du fonds démographique Boomernomics de Placements CI. Technologie, finance et divertissement étaient les 3 grands thèmes soutenant les fondations de ce qui a été un des fonds communs les plus populaires de l’histoire du Canada. François est entré là en tant qu’analyste et depuis août 2006, le voilà à la tête du fonds CI Science et technologie. Je l’ai rejoint à New York et nous avons échangé une bonne vingtaine de minutes.
J’ai voulu lui parler, car j’ai été très surpris de constater la performance de son fonds par rapport à ses semblables. Depuis 3 ans, il surclasse les indices et ses pairs. Par 4%. Les dernières données de Morningstar indiquent que, sur un an le fonds Catégorie Sciences et Techno mondiales CI a rapporté 26% Net comparativement à 19% pour les fonds de même nature. Son rebond de 2009 a atteint 52% contre 31% pour le Nasdaq 100. Après la déconfiture des titres technologiques, il fallait être bien courageux pour reprendre le flambeau abandonné par quelques gestionnaires «Fly-by-night».
Gestion de croissance avec biais valeur
Monsieur Campeau indique que sa façon de gérer et de choisir des titres n’a plus rien à voir avec ce qui se faisait à l’époque de la bulle techno. Son indicateur le plus important est le flux de trésorie sur le cours ou cours/bénéfice inversé. Pour les sociétés de technologies, le nerf de la guerre est l’encaisse et le coût d’introduction ou barrière à l’entrée de la spécialité. La demande latente pour la technologie est importante. Les immobilisations des sociétés ont parfois 4 à 5 ans d’âge, ce qui est énorme. Il croit que le titre de Microsoft va nous surprendre en raison de l’introduction de Windows 7 en entreprises, le lancement d’Office 10 et du Natal project (technologie de reconnaissance des mouvements).
Il adore les sociétés qui tirent parti de l’entreposage virtuel des données (Cloud Computing) comme EMC corp. Cognizant, SAP, Cisco, Apple et Oracle recèlent encore un bon potentiel d’appréciation. Il a aussi acquis des parts de NUANCE, le leader des technologies de reconnaissance vocale. Mais sa préférée et de loin: Google. Une entreprise extraordinaire qui nous réserve encore bien des surprises. Google docs, Android, Chrome …et bientôt les tablettes. Google semble avoir un pipeline inépuisable.
Facebook et Twitter
Je croyais bien pouvoir provoquer chez lui des exclamations d’admiration en parlant de Twitter ou Facebook mais, j’ai plutôt reçu un simple bâillement. Je me disais qu’il serait certainement preneur lorsque ces actions entreraient en bourse. On sait que les deux plus grosses vedettes des médias sociaux sont des sociétés fermées.
Mais non, les membres de son équipe chez Trilogy ont eu droit à des chiffres sur la situation financière du géant Facebook et il ne sera jamais question d’y investir un cent. De ce qu’il a pu observer, la société de Mark Zunckerberg est encore largement déficitaire. Si avec 400 millions d’abonnés, on ne parvient pas à trouver la rentabilité, alors il faut espérer qu’il y a de la vie dans des galaxies rapprochées.
À ce sujet à la fin mars 2010, FoolRadio (le podcast de fool.com) faisait entendre Jeremy Siegel qui rapportait les dernières évaluations de Facebook par le Private Equity Datas Value. On faisait état d’une capitalisation de 35 milliards $, soit la même valeur qu’Ebay. Siegel n’est pas près lui non plus à échanger ses sous-vêtements pour une action de Facebook. Elles valent certainement moins de 35 cents l’unité alors que ses boxers…