(Editions Les Nouveaux Auteurs, 17,90€, 342 pages)
ISBN 2917144556
Après vingt ans de Brigade anti-criminalité, le major Makovski, dit " Mako ", sent de plus en plus la crasse lancinante de la rue lui coller aux rêves. Il accepte donc une affectation aux Stups, abandonnant les rondes de nuit, ses collègues et l'adrénaline. Mais les Stups ne sont pas non plus une promenade de santé : la brigade a son compte de sordide. Mako, pourtant, parait s'assagir, allant même jusqu'à envisager de se reconstituer un semblant de vie... Mais, lorsqu'une jeune juge est poignardée dans le parking même du Palais de justice, la machine s'emballe et les démons de ses vieilles colères refont surface. Il n'est bientôt plus question que de l'instinct du chasseur, de celui de la survie... Surtout quand la proie se révèle plus puissante que le prédateur, et que le " roi des crânes " nage dans les mêmes eaux que Mako...
C’est avec fébrilité que les lecteurs ayant apprécié Mako, ouvriront ce deuxième opus de Laurent Guillaume. Ils y risquent une déception. La préface n’est pas tout à fait de bonne augure puisqu’à quatre mots près, c’est précisément la même que dans le livre précédent. Ne pas préfacer ce livre aurait, certainement, était plus judicieux. Cependant, cela ne fait pas un livre et l’envie de retrouver le major Makovski surpasse largement ce petite problème de démarrage.
On retrouve donc le même personnage principal, dans toute son intégrité de justicier à visage découvert. Laurent Guillaume présente un Mako toujours hanté par les démons auxquels il ne sait pas résister, à notre plus grand bonheur mais aussi plus profond.
L’écriture et le style de l’auteur ont gagné en épaisseur, sans pour autant se départir de ce que l’on a aimé dans le premier roman. C’est direct, précis, limpide, violent, perturbant, sincère… Le vocabulaire est, une fois de plus, le juste : termes policiers, douloureux… L’intrigue est bien soignée et on peut quasiment toucher les personnages. Nous n’échappons à rien et ce n’est pas désagréable. Chacun des lecteurs est immergé de force dans un monde inconnu, gluant de solitude, de peurs, de mort, de drogues et de sueur. Certains passages font réellement froid dans le dos, notamment au chapitre 17. Notre cœur palpite à l’unisson avec celui de Mako. En bref, le lecteur est parfaitement tenu en haleine et vit en même temps que les personnages. Avec du recul, la fin est prévisible, presque décevante, mais, durant la lecture, on est tellement pris par les aventures de Keita, Mako, Vasseur et les autres, qu’elle parait inimaginable.
Le roman, écrit au scalpel, est très bien mené d’un bout à l’autre.
Malgré les nombreux points communs avec le précédent livre de l’auteur, il est impossible de bouder son plaisir face au Roi des Crânes, qui, dans le langage policier, signifie « roi de l’interpellation ».
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Laurent Guillaume a 41 ans et est passionné d'histoire antique et de romans noirs. Il vit actuellement au Mali où il exerce ses fonctions d'officier de police en tant que coopérant.
Lecture : Mai 2010