- Dans la mesure où mes compétences me permettront d'obéir à Votre Majesté...
- Vous aurez toutes les garanties nécessaires, je vous en réponds. D'ailleurs c'est Rosny qui sera chargé de vous exposer les détails de l'affaire. Maintenant, écoutez-moi bien. Ce que je vais vous apprendre est à marquer du sceau du secret le plus absolu. Le comte Henri de Frégèves est mort assassiné il y a exactement dix jours, le 19 de ce mois de novembre. Un courrier spécial vient de m'en avertir.
- Henri de Frégèves !
- En personne ! L’un des plus puissants seigneurs de l’Anjou. Je vois que vous me comprenez. Fort bien.
Pour ma part, j'étais dans le noir le plus complet, car ce nom ne me disait rien.
Le roi reprit :
- La nouvelle ne s'est pas encore répandue à la Cour et mon intérêt est de la tenir secrète le plus longtemps possible. Non que le comte y ait conservé une quelconque influence. Retiré depuis longtemps au fin fond de ses terres, on a même oublié jusqu'à son existence.
- Mais alors, Sire ?
- J'y viens. Les circonstances mystérieuses de cette mort ont déclenché des événements fâcheux, fort fâcheux mêmes, dans la région. Le message que m'envoie le gouverneur est fort alarmant : on ignore encore l'identité du coupable, et surtout, surtout, on a retrouvé dans la poche du cadavre un parchemin avec ces seuls mots : « Vengeance ! Wassy ! ».
- Wassy ! Triste souvenir que ce nom, Sire, et bien étrange endroit que la poche d’un mort pour le retrouver, en vérité !
- Je ne vous le fais pas dire ! D’inquiétantes rumeurs ont trouvé là un terreau favorable pour se répandre. Il n'est plus question que de malédictions, voire de complot huguenots, et tous les peuples sont en ébullition. Le grand froid rend les gens sombres et inquiets...