En vérité, Rosny était tout-puissant auprès du roi, qui venait de le nommer surintendant des finances.
Le visage de Rosny, en réalité, malgré la situation, reflétait une sérénité apaisante : on y lisait la résolution de celui qui vient de prendre une grave décision. Ses yeux fixaient ceux de mon maître avec franchise. Il poussa un long soupir avant de prendre une longue inspiration :
- Voyons un peu cela. Comme le roi vous l’a déjà dit, c'est d’un meurtre qu’il s’agit. Le meurtre du comte Henri de Frégèves. J’ignore ce que vous savez sur cet homme, même s’il ne vous est pas inconnu, selon les dires de sa Majesté.
- En vérité, je sais fort peu de choses, Excellence.
- Bien. Je vais donc tenter d’éclairer votre lanterne.
- Je vous en serais très reconnaissant.
- La victime n’était pas n’importe qui. Je dirais même que le comte de Frégèves était véritablement un homme hors du commun. Il est inutile de vous dépeindre sa carrière, mais sachez qu’il a été un des plus fiers soldats de son temps, une lame redoutable mise au bout d’une main qui passait pour ensorcelée tant son habileté était grande.
- Un formidable bretteur ! C’est le souvenir que j’en avais.
- Avec cela, une intelligence tactique remarquable ; d’aucuns diront que son sens politique, au contraire, était bien médiocre. Mais il appartint néanmoins à cette race d’hommes dont on peut dire qu’ils ont été en leur temps de véritables héros.
- Des héros bien cruels !