On appelle ça des tabous. N’importe quel enseignant-chercheur en anthropologie sociale vous le confirmera : même dans nos sociétés postindustrielles, on ne rigole pas avec les tabous sauf à prendre le risque d’être exclu de la tribu, de voir l’audience de son blog partir en fumée comme un vulgaire volcan islandais ou, pire, d’être privé de (vraie) galette-saucisse jusqu’à la fin de sa désormais pitoyable existence.
Evidemment aussi, comme ces enfoirés de Chinois qui doivent être les derniers au monde à n’avoir pas encore vu leurs caisses se vider comme un quelconque puits de pétrole américain dans le golfe du Mexique refusent de contribuer, va falloir que tout le monde s’y mette.
Josette, Marcel, les d’jeunes, les vieux, les nouveaux pauvres et même les anciens riches : tout le monde va devoir payer, quitter l’abri douillet de sa p’tite niche fiscale, rogner un chouïa sur ses avantages acquis au prix d’homériques et anciennes luttes sociales, bref se serrer un cran de plus, mais provisoirement, la ceinture pour sauver notre grandissime modèle social et notre illustrissime Pacte Républicain.
Cela rappellera aux plus fins lettrés la désolante aventure du Sapeur Camember qui, chargé par le sergent Bitur d’enterrer les déchets ménagers du colonel dans la cour de la caserne, ne sait pas quoi faire de la terre du trou qu’il a creusé à cet effet sauf, comme le segent le lui ordonne, à creuser un second trou pour y enterrer la terre du premier…
Cette crise, nous dit-on ici ou là, marquerait la défaite du politique sur les forces obscures de la finance et de l’économie mondialisées. Franchement, si c’est bien le cas, c’est plutôt une bonne nouvelle car, au rythme où le politique creuse des trous dans la cour de notre caserne nationale, restera bientôt plus de place pour y planter nos choux.