Suite à la chaîne de Sarkofrance, j’ai dressé un petit bilan des trois années passées par Nicolas Sarkozy dans la douillette chaleur du palais Élyséen. Évidemment, je ne suis pas le seul à l’avoir fait, et nombreux sont ceux qui ont aussi listé les différentes réalisations du locataire des lieux… à commencer par le principal intéressé : sur le site officiel du palais présidentiel, on découvre, slurp miam, un document entièrement destiné à nous remémorer les meilleures sarkozinades du moment. Je l’ai lu.
Rigolade.
Avant d’aller dans le vif du sujet (encore que « vif » est un adjectif un peu trop fort pour le sujet en question), attardons-nous sur le site élyséen : on ne peut lui retirer une certaine classe. D’un autre côté, cette classe doit beaucoup … à celle du site de la Maison Blanche : on pourra constater, ici, que les différences sont subtiles.
Mais rien n’est trop beau pour la République du Bisounoursland et à ce plagiat près, une fois le site en ligne, nous avons eu droit, depuis, à d’amusantes images, de l’actualité et de la communication qui fait pop! comme un bouchon de champagne d’une réception huppée.
Et ces derniers jours est apparu le fameux bilan, hardiment baptisé « 3 ans d’actions ». Déjà, le choix du mot action est couillu, et le mettre au pluriel dénote d’une témérité un peu déplacée. La version que je propose ci-dessous est plus en rapport avec ce que le pays a vraiment subi / supporté / constaté.
(cliquez dessus pour agrandir)
Il y a un petit lien sur un document PDF de 28 pages que je me suis empressé de parcourir.
Épargnez-vous son ouverture : il est moche. Je ne sais pas trop quel pauvret a pondu le fichier, mais il n’a manifestement rien compris à l’utilisation des polices de caractères standard, ce qui donne du texte sans aliasing, avec un effet d’escalier à couper au couteau et qui fait mal aux yeux. Pour un document de 2010, c’est dommage, on se croirait au début du PDF, en 1996.
Après ce violent retour dans le temps, le contenu même laisse le lecteur totalement désarçonné : bien qu’issu de l’Élysée, produit par la présidence et dans le cadre de la République Française du Bisounoursland (« Égalitarisme, Taxes, Bisous ») on y parle d’un autre pays que la France.
En effet, on y parle d’un pays où l’action présidentielle aurait permis de réguler le capitalisme, réindustrialiser le tissu économique, de rendre une justice humaine, d’en faire une démocratie apaisée, un pays où le travail serait réhabilité, les prélèvements sur la classe moyenne auraient diminués, et où le système de retraite serait plus équitable.
On hallucine.
En réalité, le texte n’est pas un bilan, mais un programme : on y lit clairement que le gouvernement, la majorité parlementaire, les sénateurs, Nicolas Sarkoy, son cuisinier, son jardinier et les petits mitrons s’engagent tous à faire en sorte que, dans un avenir proche, et avec moult « promis – juré – craché », on va arrêter de faire du déficit, on va rendre la justice plus humaine, la sécu plus sociale et les routiers plus sympas.
Comme bilan, c’est quasiment l’aveu qu’en trois ans, on a repeint la girafe. Deux fois. En rouge. Avec des pois verts.
Mais au delà du constat facile qu’encore une fois, on nous vend de la poudre-aux-yeux pour justifier l’achat conséquent de poudre d’escampette de la part des responsables, ce qui agace furieusement est que le coût de toutes ces niaiseries pipotractées va être directement refacturé au contribuable qui, actuellement, a autre chose à faire qu’ajouter ponctions sur débours. Ah, et aussi, 750 milliards à trouver pour payer les gabegies grecques et les petits fours de Bercy.
En effet, on découvre au détour d’un article passé relativement inaperçu que la communication étatique s’élève gentiment à 100 millions d’euros par an. Excusez-moi du peu, mais ça fait tout de même 100 putains de bordel de pompe à merde de millions d’euros dépensés dans de la pub à chier, du marchandising d’ado prépubère pour des causes pourries ou perdues d’avance, des messages minables pour invertébrés, du marketing de bivalve et, de façon générale, de la communication pour handicapé chronique de la compréhension des problèmes actuels.
Ces 100 millions d’euros auraient fait plus de bien dans la poche des Français à jouer au Morpion qu’à se voir dépensés dans ces productions pornographiquement stupides, où la débilité quasi-obscène des propos se dispute au détachement insupportable et manifeste de leurs auteurs dans les conneries hallucinantes qu’ils commettent moyennant finances. A ce dernier sujet, on pourra par exemple lire pour son édification personnelle l’article de Peuples.net sur les retraites et la réhihihi pardon réfohohoho oups excusez moi c’est nerveux réforme mfprft qu’ils essaient de mettre en place.
Et pendant, donc, que le président se gargarise de ses frétillements et de sa non-action millimétrée, pendant que l’État crame joyeusement vos sous pour vous enfumer de messages reptiliens, en plus de ça, ils vous chignolent les bas-morceaux au foret à béton diamètre 32 avec des sommes stratosphériques dont, honnêtement, personne ne peut se faire une idée claire.
Certes, ce pays est foutu.
Mais vous allez continuer longtemps à vous laisser trouilloter sans rien faire ?