Armée de boucliers

Publié le 11 mai 2010 par Chroneric

Depuis sa création, le bouclier fiscal fait parler de lui. Pour comprendre pourquoi ce dispositif est caduc, il faut remonter quelques années en arrière.

En 2005, Johnny Hallyday dépose une demande de naturalisation en Belgique. Lever de bouclier dans la presse : Johnny veut fuir la France sous prétexte qu'il paye trop d'impôts. Personne à ce moment là ne lui a rappelé que les impôts sont proportionnels à ses revenus. Bref, la Belgique ne s'émeut pas pour autant de voir débarquer un tel dossier dans son administration. Tout chanteur international qu'il est, cela ne lui confère aucun passe-droit et son cas est étudié comme les autres. Il essuie un refus en raison du peu d'attache de l'artiste dans le plat pays.

Hallyday ne se laisse pas démonter pour autant, il tente sa chance en Suisse qu'il finit par habiter. Enfin, "habiter" est un bien grand mot. Disons qu'il achète une magnifique maison digne d'une Sissi impératrice. Oui, Johnny est comme ça, il se trouve soudainement des attaches dans les paradis fiscaux. Si la Suisse n'avait pas accepté, il aurait essayé sûrement à Monaco, et ainsi de suite. Mais le chanteur passe le plus clair de son temps outre-atlantique.

Pendant ce temps, le gouvernement Villepin met en place le bouclier fiscal avec un plafonnement à 60 %. En 2007, année de son élection et voyant que son ami fuit la France, Nicolas Sarkozy fait baisser le plafond à 50 % espérant ainsi voir revenir le chanteur en France car il serait soi-disant l'un des symboles de notre pays. Mais le bouclier fiscal version 2007, que j'appellerais le bouclier Hallyday, n'a aucun effet et Johnny reste en Suisse pour y payer un peu plus de 600 000 francs suisses d'impôts (environ 430 000 euros). En France, il en aurait eu pour quelques millions. Il ne faut pas sortir de l'ENA pour comprendre qu'il est plus favorable pour ses bourses de rester à Gstaad.

Le bouclier Hallyday est donc un échec car Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à faire revenir son ami dans l'hexagone. Mais notre président n'aime pas les échecs et montré qu'il s'est planté, alors le bouclier est toujours en vie et bénéficie à une petite poignée de riches : 16 350 déclarants ont touché 585 millions d'euros. Vu que l'exil fiscal est toujours aussi important, cette mesure coûte plus qu'elle ne rapporte. Elle devrait donc logiquement être abandonnée.

La levée de bouclier n'est, je crois, pas pour demain. Le président a toujours espoir que son vieil ami décoré de la légion d'honneur, et qui aura droit à des funérailles nationales, revienne. Mais vous savez, comme beaucoup de politiques, de droite comme de gauche, d'extrême droite comme d'extrême gauche, Nicolas Sarkozy vit dans sa bulle. Comment voulez-vous qu'il comprenne la situation des Français si sa seule préoccupation c'est de faire gagner de l'argent aux artistes et aux grands patrons ?

Mitterrand était le copain des bobos, Chirac est le copain des meuh-meuh, Sarkozy est le copain des bling bling. A quand un copain de tous les Français ?