La “gouvernance européenne” contre la Grèce

Publié le 11 mai 2010 par Uscan
Chacun sait désormais que Goldman Sachs, la tristement célèbre banque d’affaires américaine, a été au centre des spéculations contre la Grèce et de la déstabilisation de l’Euro.
Ce qui est moins connu, c’est que cette “attaque concertée”, pour reprendre les mots du Premier ministre grec Georges Papandréou (1) , n’aurait pu être possible sans la complicité des élites de l’Union européenne dont l’objectif pourrait être, à terme, de placer l’ensemble des pays de la zone euro sous la tutelle permanente d’un gouvernement économique.
Depuis les années 80, le capitalisme s'est profondément transformé, notamment avec la privatisation des banques centrales, rendues indépendantes, et la perte de pouvoir régalien jusque là détenu par les Etats de battre monnaie et de diriger l'économie à travers le crédit. Ces compétences, aujourd'hui détenues par une sphère financière dont on connait à la fois l'honnêteté et les motivations, menacent les Etats.
C'est ainsi que, à genoux, le gouvernement Papandréou a accordé les pleins pouvoirs à son ministre des finances, en violation de la constitution du pays. Les partis d'opposition parlent d'un "coup d'état parlementaire".
La solide contestation populaire doit affronter une répression féroce et violente.
Merci au site Mecanopolis pour ces informations.

En 2001, juste après son adhésion à l’Union économique et monétaire européenne, la Grèce est sollicitée par Goldman Sachs pour l’aider à camoufler sa dette tout en lui permettant de continuer d’emprunter des milliards d’euros.La technique proposée est simple : la Grèce vend sa dette en émettant des obligations en dollars, puis, aidée par la banque, change en cours de route la parité du taux de change,cela afin d’améliorer artificiellement la valeur de ses créances.Athènes peut ainsi continuer à emprunter tout en donnant l’illusion de respecter les critères définis par les traités européens.

Mais, comme cette banque entend gagner sur tous les tableaux, elle ne se contente pas de toucher des commissions pour son rôle de conseil. Fin janvier 2009, elle fait ainsi courir une information bidon à travers ses réseaux médiatiques, dont le Financial Times. La Chine aurait refusé d’acheter 25 milliards d’euros d’emprunts grecs… La nouvelle sème la panique. Pour les traders, le pays est proche du gouffre, étant obligé de solliciter la Chine. Athènes dément immédiatement, mais les investisseurs exigent quand même une prime de risque encore plus élevée, ce qui permet à Goldman Sachs, en concertation avec la Deutsche Bank et quatre grands hedge funds, les fonds spéculatifs (2), de se faire beaucoup de cash dans ces attaques spéculatives.

Bruxelles… complice de la manipulation…

Sans verser dans le complotisme, il apparaît clairement que la déstabilisation de la zone euro par des groupes financiers n’aurait pu être rendue possible sans la complicité des élites de Bruxelles. Ainsi, le 15 février dernier, en pleine tempête contre la Grèce, Otmar Issing, ancien “chief economist” de la Banque centrale européenne,publie une tribune dans le Financial Times – toujours lui –, dans laquelle il estime que l’Europe ne doit pas voler au secours de la Grèce. Cet ancien de la Bundesbank oublie juste de préciser qu’il est aussi conseiller de la… Goldman Sachs.Autre démonstration de la collusion entre les institutions bruxelloises et la finance internationale :dans un entretien publié par le quotidien suisse Le Temps, il y a dix jours (3), Jean-Claude Junker, patron de l’Eurogroupe et ancien directeur de la Banque Mondiale, admet avoir utilisé les marchés pour contraindre la Grèce à entamer les réformes qu’elle refusait de mettre en oeuvre. Pis, nous apprenons au moment de boucler cet article que le patron de l’agence chargée de la gestion de la crise grecque, Petros Christodoulou,nommé la semaine dernière, est… un ancien de la Goldman Sachs (4).

Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le 1er décembre dernier, la mise en place d’un gouvernement économique européen devient de moins en moins discrète…

Clovis CASADUE

Cet article est un extrait du journal Flash

(1) “Une attaque concertée est en cours contre l’euro, en passant par l’Espagne et le Portugal, comme cela a été le cas avec la Grèce”. Le Temps 06-02-10.
(2) Le britannique Brevan Howard et les Américains Moore Capital, Fidelity International et Paulson, selon un article des Echos paru le 19-02-10.
(3) http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6b9d 010e-181c-11df-8d33-be76184ebd58|0
(4) http://www.lesechos.fr/info/inter/02037 8084204-le-gouvernement-grec-tarde-a-sexpliquer- sur-ses-methodes-de-comptabi