Ce modeste poème de Robert Desnos * dans " Contrées" m'inspire mon humeur du jour. Je vous livre ici ces quelques strophes que nous apprenions à l'école, lorsque nous étions enfants, avant de me livrer à une réflexion personnelle, dans l'espoir et l'attente des vôtres, car tout poème est là comme une chambre d'écho, afin de répercuter l'émotion de coeur à coeur, de sensibilité à sensibilité, mots que la voix humaine susurre ou murmure, crie ou psalmodie, chante ou prononce :
Oui, j'entends, je perçois, j'écoute, car la voix est multiple. Elle est la mienne, celle qui me donne à exprimer mes sentiments et mes pensées : elle est la tienne, ami, partenaire, inconnu qui, en échange, me renseigne sur tes souhaits et tes motivations, établit la relation et le dialogue.
Pour certains, ce seront aussi " les voix chères qui se sont tues", celles de l'amant, du confident, du père, du frère, que l'on n'entendra plus que dans le silence de la mémoire.
La voix peut être le chant, elle peut être le cri : cri de révolte, de peine, d'espoir, de joie, d'agonie, de naissance et de re-naissance ; voix d'apaisement, de pardon qui, tour à tour, accompagnent, distinguent, perdent ou rachètent ; voix qui profèrent l'ordre, l'avertissement, la condamnation, la réhabilitation ; voix d'ici et d'ailleurs, voix proches et étrangères, voix perçues, reçues, craintes, espérées.
Mais également voix du vent, de l'océan et des forêts, voix des cascades et des fleuves, voix du tonnerre et des tempêtes, voix de l'univers et des astres que des scientifiques parviennent à surprendre. " Est-il possible, dans le souvenir, de restituer non pas simplement le timbre des voix, mais encore la résonance de toutes les chambres de la maison sonore ? - interroge Gaston Bachelard. Certes, il nous faut souligner que, grâce aux moyens techniques d'aujourd'hui, les voix d'hier nous sont encore présentes. Voix d'hommes aux prises avec le temps, voix revenues du silence et revécues, voix ré-entendues et ré-écoutées, voix remontées d'un passé fausssement défunt, voix douce du violon et de la harpe, voix tonnante des orgues et des trombones, voix angéliques des enfants, voix célestes des divas, voix du peuple qui fonde l'opinion, voix publique qui exprime le sentiment général. Et n'omettons pas la voix du silence où se réfugie le grand écho de l'indicible et la voix intérieure qui ne parle qu'à soi-même. En somme les voix sont diverses et plurielles, car si l'homme a sa voix, la nature a la sienne, les événements ont les leurs. Et ces voix, qui s'unissent et se confondent, sont ensemble notre vie propre et notre vie commune.
* VOIX
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.
Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ?
Elle dit "La peine sera de courte durée"
Elle dit "La belle saison est proche."
Ne l'entendez-vous pas ?
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