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Test DVD / Critique : La Route (par Jango)

Par Jango
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Synopsis :

Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d'énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. C'est dans ce décor d'apocalypse qu'un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites - le peu qu'ils ont pu sauver et qu'ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette. L'humanité est retournée à la barbarie. Alors qu'ils suivent une ancienne autoroute menant vers l'océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation. Durant leur périple, ils vont faire des
rencontres dangereuses et fascinantes. Même si le père n'a ni but ni espoir, il s'efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers.
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Critique :
Passé à coté l’an passé, c’est grâce à l’équipe de Cinétrafic que j’ai pu découvrir La Route de John Hillcoat, film événement en raison de l’adaptation littéraire de laquelle il tire son origine. The Road, en VO, est un des romans cultes de McCarthy, auteur également de No Country For Old Men que les frères Coen avaient précédemment adapté, et qui leur avait permis, une nouvelle fois, de remporter la plus prestigieuse statuette au monde.
Film post-apocalyptique (encore un), la Route répond cependant un traitement bien différemment de ce qui nous a été donné de voir jusqu’alors. Ici, point de lueur d’espoir à l’horizon qui pourrait motiver une quelconque espérance. Non, juste la vie après l’horreur, la vie avec pour seul objectif la volonté d’exister, aujourd’hui, demain, après-demain…
On y suit un père interprété par Viggo Mortensen et son jeune fils, survivants de la catastrophe dont l’on n’en sait presque rien mais qui a réduit l’humanité à néant. Survivants, ils suivent « la route » en cherchant à se nourrir, sans tomber dans le cannibalisme ni la folie. On ignore tout de ces personnages, jusqu’à leur prénoms et noms. De parfaits inconnus pour qui l’on s’attache inévitablement grâce notamment à l’humanité qui existe encore chez cet homme, désormais entièrement dévoué à un seul but : la survie de son fils. En tant que père, en tant que guide, il transmet à son enfant son savoir, ses valeurs,  sa mémoire d’une civilisation éteinte qui se matérialise lors de leur road trip par des objets du passés. Cette transmission du savoir est au cœur de la thématique du film puisque comment rester humain quand l’environnement n’a plus aucun repère, aucun ordre et que seul le chaos domine ?
http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/67/04/72/19194994.jpgCharlize Theron. Metropolitan FilmExport
Le scénario n’interroge pas ses personnages mais bien les spectateurs qui sont ici mis devant un cas de conscience. Que ferions-nous dans pareille situation ? Ce père, d’abord notre repère, cet homme profondément bon sombrera lui-aussi, peu à peu, dans ce qu’il a toujours choisi de combattre, l’abandon à tout forme d’humanité. La protection de son enfant dans cet environnement hostile passe-t-il nécessairement par un chavirage dans l’égoïsme et la barbarie ?  La route tend à montrer que oui. En l’absence de toute notion de repère et de groupes sociaux, l’être humain retombe par la force des choses à un instinct animal primaire : vivre et protéger sa progéniture.
La Route est une œuvre d’une tristesse infinie, image d’un monde que l’on espérera ne jamais avoir à connaitre et miroir pessimiste d’une civilisation déchue, la notre, dans un monde où le terme "humanité" ne fait plus sens. Axé sur la psychologie de ses personnages, le film choque néanmoins par certains plans éloignés, très forts, où l’on découvre des villes moribondes, des ports sans eau, des bateaux vidés, détruits…un vision sale et grise d’un monde effrayant après le chaos. A ce titre, la photographie rend ici un superbe hommage à l’intention souhaitée puisque chaque plan nous envoute de sa teinte grisonnante toujours extrêmement travaillée.
Michael K. Williams. Metropolitan FilmExportViggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee. Metropolitan FilmExport
S’il est entendu que la Route ne peut pas laisser indifférent, par le simple sujet qu’il développe et sa manière de le faire, il ne m’a cependant pas particulièrement enchanté (au sens cinématographique) en raison d’une monotonie et d’un classicisme un tantinet décevant. Nos personnages ne seront finalement qu’assez peu contrariés durant le récit ce qui a le désavantage de ne pas venir casser le rythme, ce qui aurait pu être à bien des occasions salvateur. Bien que le montage et ce rythme justement, servent à appuyer le discours, le fait est que passé l’heure, on commence à ressentir des effets de fatigues, nuisant de surcroît à l’immersion désirée par le réalisateur.
Il est cependant très appréciable que le film d'Hillcoat ne tombe jamais dans un héroïsme américain coutumier (cf Je suis une légende), qui, même quand tout va mal, fait naître des héros à la motivation sans faille. Et bien non, ici c’est réaliste et dure, il n’y a pas de héros, seulement des êtres tout à fait normaux qui ne cherchent qu’à vivre encore une nouvelle journée.
Cette adaptation saura, je pense, satisfaire les fidèles de l’œuvre d’origine. Ceci étant, le caractère profondément triste et le style minimaliste du film pourront en laisser quelqu’un sur le bord de cette même Route.
LE DVD
Avant de me livrer dans le détail, il est important de préciser qu'il s'agit du DVD et non du Blu Ray. Étant équipé en Full HD, il est entendu que certains défauts de compression ressortent alors que sur un équipement standard, tout se passera bien.
http://content.screencast.com/users/mcrucq/folders/Jing/media/a8a22d08-8d61-42ea-a015-f4234a201e98/2010-05-10_2102.png
Technique : image
Puisque que la photographie est particulièrement soignée et toujours dans les nuances de gris à noir, on aurait pu penser que l'encodage n'aurait pas nécessairement rendu justice au travail réalisé par l'équipe du film sur le plan visuel. Contre toute attente, et même sur un écran HD, l'image s'en sort tout à fait honorablement, même si du grain se fait sentir lors des passages les plus sombres. Un fourmillement guère gênant et largement compensé par une attention toute particulière du traitement des zones les plus noires, toujours très homogènes.
La restitution offerte par le DVD est donc des plus correcte malgré les obstacles qui se dressaient devant elle en terme de qualité de rendu attendue.
Technique : son
Deux pistes sont disponibles sur ce DVD. VO et VF tout deux mixées 5.1. J'ai regardé le film en VO avec quelques tests sur la VF. Le rendu semble un peu moins fin que la version d'origine (comme d'habitude en fait) notamment sur les voix centrales. La spatialisation des bruits annexes de l'environnement est cependant très travaillée sur les deux pistes. L'attention portée à l'utilisation logique des 4 autres enceintes est un facteur très appréciable d'autant que la production sonore du film est riche en effets immersifs.
Bonus :
Assez décevants dans l'ensemble.
Outre le commentaire audio du réalisateur, le making-of et les interviews présentes sont assez rapidement expédiés et très promotionnels. On aurait davantage aimé avoir des points de vue plus riches des différentes protagonistes plutôt que les classiques "c'était super, tout le monde a été formidable..." En fait, pour avoir ce type de réflexion, il faut écouter le commentaire audio nettement plus construit et enrichissant.
Les scènes coupées n'apportent également pas grand chose, sorties de leur contexte, en tant que spectateur nous n'y apprenons rien de plus...(je me suis toujours demandé d'ailleurs à quoi ce type de scène coupées servaient sur les DVD mais bon...).
Bref, un contenu additionnel relativement décevant, seul sort du lot le commentaire de John Hillcoat sur la genèse du projet et les choix artistiques retenus.
Format : DVD et Blu Ray
Editeur : Metropolitan FilmExport
Date de sortie : 04/05/2010
Format image : 2.35
Langues : Français Dolby Digital 5.1 / Anglais Dolby Digital 5.1 /
Sous-titres : Français
Bonus : Commentaire audio. Making of. Interviews. Scènes coupées. Les romans de Cormac McCarthy. Bandes annonces.
 

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