Photo : Jacques Grenier - Le Devoir / Brian Mulroney et Robert Bourassa en 1985.
Cette semaine, tout le gratin politique fête et se rappelle les 20 ans de l’Accord du lac Meech et son échec. Il semble, par contre, que ces souvenirs n’éclatent pas dans les chaumières en raffermissement adroit d’objections et de discernement.
Quel était le fondement de cet accord, pour justifier autant de remous, principalement en face du Québec, près d’un quart de siècle après sa déconfiture?
Rappelons-nous que l’accord présentait essentiellement cinq modifications à la Constitution canadienne :
- Une reconnaissance du Québec comme société distincte;
- Que le Québec et les autres provinces disposent d’un droit de veto à l’égard de certains amendements importants à la Constitution;
- Le droit de retrait d’une province, avec compensation, de tout programme initié par le gouvernement fédéral dans un domaine de compétence provinciale;
- Une reconnaissance accrue des pouvoirs provinciaux en immigration;
- Que les trois juges québécois de la Cour suprême du Canada soient nommés par le gouvernement fédéral sur proposition du gouvernement du Québec.
Évidemment, chacune de ces mutations avait pour but de bloquer le Québec, dans la législation Canadienne et de donner les pleins pouvoirs au Canada sur le destin du Québec, tout en forçant la main de la province francophone à la ratification de la Constitution canadienne. Malgré tout, le point un représentait pour plusieurs, une ouverture de la part du Canada sur les préoccupations politiques du Québec. En raison d’une vive opposition et de l’échec du vote relatif au Manitoba, l’accord ne s’est jamais concrétisé. C’est pour faire suite à cet échec que le Bloc Québécois fut fondé, sous forme de coalition, après le départ de plusieurs membres du Parti libéral et du Parti progressiste-conservateur.
Cette coalition informelle, qui se voulait initialement temporaire, devait défendre et promouvoir, au parlement fédéral, le projet de souveraineté jusqu’au lendemain de la victoire référendaire.
Au fil du temps, en face de deux défaites référendaires, l’utilité du Bloc à toujours été remis en cause. Les Québécois ont limité leur colère et leurs indignations. Les Québécois se sont eux-mêmes peinturés dans le coin, laissant toute la place au Canada et à ses machinations.
Absorbés par les illusions que nous donnent le Canada, le peuple québécois à cesser de croire aux forces qu’il possède. Stephen Harper a soutenu cette véreuse cavalcade.
En 2006, alors que le Bloc Québécois s’apprêtait à présenter une motion accordant au Québec sa reconnaissance comme nation, le premier ministre Harper a sabordé le Parlement canadien en proposant la définition du Québec comme nation au sein d’un Canada uni. L’intention était de faussement résoudre une problématique politique en leurrant la population qui soutenait le Bloc Québécois. En donnant l’illusion, par un jeu de mots habile, d’une ouverture de la part du gouvernement canadien, Stephen Harper colmatait temporairement une brèche.
Subséquemment, ce que certains appellent le « fédéralisme d’ouverture » est rapidement accusé d’opportunisme électoral par les sceptiques. D’ailleurs, le colloque « 20 ans après Meech », organisé par le Bloc Québécois, proposait une réflexion sur l’avenir du Québec au sein du Canada, mais quel avenir? Il semble que nous subissons les politiques de deux gouvernements (provincial et fédéral) réactionnaires et malicieux, le Québec perd de plus en plus de plumes et est laissé à lui-même.
Le cynisme politique envahit actuellement le Québec. L’obsession du pouvoir de Jean Charest et son Parti libéral influence négativement l‘intérêt des Québécois pour la chose politique, alors que la population devrait s’élever contre nos dirigeants (provinciaux et fédéraux) pour exiger une transparence ainsi qu’une saine gestion. Malheureusement, la plupart ferment les journaux et changent les postes.
Il est temps que le peuple québécois s’ouvre réellement les yeux pour cesser de se faire tromper, entre autres, en s’emparant entièrement du pouvoir politique et économique qui lui revient. Le Québec est être mûr pour une nouvelle révolution, possiblement un brin moins tranquille…
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20 ans après le lac Meech… Pas grand-chose