« Anthony Zimmer » de Jérôme Salle ( Studio Canal)
Sortie cinéma , le 27 avril 2005
En dvd depuis le : 21 novembre 2005
En blu-ray le : 11 mai 2010
Dans le genre arnaque, faux semblant et trompe l’œil, « Usual Suspect » de Bryan Singer demeure à mes yeux le monument. Juste avant «Les Neuf Reines » de Fabián Bielinsky ,alors qu’un petit étage au-dessous « Anthony Zimmer » mérite lui aussi de figurer parmi les grands. C’est un film qui vous prend par la main dès les premières minutes, vous lâche peu après ( c’est quoi ce scénario qui rature des évidences ? ) et vous rattrape d’une pirouette, par la grâce d’une bonne réplique (elles sont légion ), d’une scène inattendue, ou le regard d’une mante religieuse, peut- être femme fatale .
Et quand la dame en question n’est autre que Sophie Marceau ,chapeau bas : il n’est pas courant de la voir dans ce genre d’exercice,elle y excelle. Elle m’a bluffé dans un registre peu prisé en France , tout du moins avec talent . Fanny Ardant , Isabelle Adjani et puis après, dame Marceau ,sensuelle et troublante, énigmatique dans sa conduite de séductrice, qui l’amène à aborder dans le train, un homme, au hasard, comme le lui indique une lettre aussi mystérieuse que son commanditaire.
Chiara,elle, n’est pas surprise et s’engage dans la recommandation épistolaire avec un aplomb déconcertant. Un jeu trouble s’engage alors avec le malheureux François (Yvan Attal) qui au fil de sa relation découvre la belle enjôleuse sous un tout autre jour.
Et au cœur d’un labyrinthe dans lequel le spectateur plonge à son tour,tout aussi perdu et désemparé, face aux événements qu’un traducteur de métier,ne connaît pas forcément tous les jours. Mais le jour où on lui tire dessus, et que la belle s’évanouit dans la nature, l’homme se rebiffe.
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On le comprend aisément, même si la caméra et la plume de Jérôme Salle s’ingénient à brouiller les pistes. « J’avais envie de réaliser un film en m’amusant avec les schémas traditionnels du cinéma. Mon idée était : il vaut mieux partir du cliché que d’y arriver ! » Et à partir de ce postulat le contrat est totalement rempli.
C’est à ma connaissance son premier film tourné en 2005 ( depuis « Largo Winch » – dans ce blog- a confirmé son talent ) : un coup de maître pour un premier essai, bien qu’un gaillard encore plus chevronné aurait pu épicer d’avantage un scénario propice à ce genre d’exercice. Qui joue beaucoup sur la manipulation ( mais qui manipule qui ?) et les retournements de situations.
Sami Frey, Gilles Lellouche, des policiers qui pensaient avoir tout compris, eux aussi...
Qui est qui, qui fait quoi, pour qui, pour quoi, tout le monde,spectateurs compris, à un moment perd ses repères ; même l’imperturbable inspecteur de police, parfaitement croqué sous les traits de Sami Frey . Les pièces d’une partie d’échecs qui se joue en attendant que le maître arrive…
Lors de sa vision en salle, je pensais n’avoir pas tout compris.Le revoir a été un grand plaisir ,surtout que cette fois, j’ai tout saisi. Youpi !
LES SUPPLÉMENTS
Making of : intéressant pour quelques scènes, notamment celle de l’escalier de secours,mais les entretiens avec le réalisateur et les comédiens sont assez convenus. Excellent comédien Yvan Attal n’assure décidément pas hors plateau. Pour « Rapt », dans ce blog, il nous fait le même coup.
Comparaison storyboard/film