Il se trouve que mes bureaux se trouvent précisément là où se sont déroulés récemment des affrontementds violents entre la police et des habitants de Villiers-le- Bel, Gonesse, et des communes limitrophes.
Lorsqu’on a la "chance" de se trouver au coeur de ce type d’événement, on mesure le fossé qui sépare l’information de la vérité.lundi 3 décembre 2007 (15h56) :
Villiers le bel : on mesure le fossé qui sépare l’information de la vérité...
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Bonjour,
J’ai constaté en arrivant lundi matin les dégâts du dimanche soir. Lundi soir, en quittant le bureau, tout était calme en, ville. En arrivant à la gare RER, je suis tombé sur une vingtaine de cars de CRS, qui bloquaient l’accès aux trains avec visiblement une forme de plaisir sadique. Lorsqu’on voit des CRS, on comprend une chose : ce n’est pas la police qu’on envoie, c’est l’armée.
Se faire contrôler par un CRS comme je l’ai été c’est pire que par la police. C’est le règne de l’arbitraire multiplié par deux. Leur armement est militaire.
Je me suis dit alors (il était 19h00 environ, il faisait donc nuit et tout était calme !!!) que c’était une provocation grave. Si l’on pense à la façon dont les habitants des banlieues populaires ont intégré la souffrance des peuples irakiens et afghans occupés par les armées occidentales comme paradigme de leur propre souffrance, de l’exclusion dont ils sont victimes, je me mets à leur place, voir les CRS débarquer, c’est voir une armée étrangère venir occuper leur territoire. N’importe qui ressentirait cela. Pas nous? C’est juste que nous n’avons pas l’habitude de voir des centaines de CRS s’installer dans notre quartier pour contrôler nos déplacements et nous humilier verbalement, ou physiquement.
Nous travaillons de façon étroite avec la municipalité, ce qui nous permet d’être au fait des agissements de la Police Nationale. Les contrôles d’identité sont en temps normal aussi constants qu’arbitraires. Et humiliants : les scènes où les flics prennent la carte d’identité d’un jeune pour la jeter au sol en la foulant du pied sont légion. Mardi soir l’équipe du cinéma que nous animons à Gonesse à proximité de nos bureaux a assuré une veille citoyenne.
Retour sur les événements : la presse a fait état hier de l’existence d’une vidéo. Nous avons appris ce matin, de la bouche d’une personnalité de la mairie de Gonesse, que l’intégralité de la vidéo avait été vendue à Canal + Plusieurs personnes affirment avoir vu cette vidéo. Ce n’est pas mon cas. A supposer que les personnes en question, qui sont des élus de la République, ne soient pas des affabulateurs, je pense que leurs propos doivent être portés à la connaissance de tous. Sachez qu’ils hésitent à le faire, le contenu intégral de cette vidéo étant explosif.
Selon le témoignage des élus que nous avons rencontrés, et qui ont demandé bien entendu la plus grande discrétion à ce sujet, on voit sur la vidéo la voiture de police croiser à plusieurs reprises la moto. Puis s’arrêter, attendre de croiser à nouveau la moto, et une fois celle-ci en vue, accélérer bruquement pour lui rentrer dedans.
Cela se passe de commentaires. J’ai tendance à croire plus volontiers les élus communaux qui ont visionné ce document que la police, ou les soi-disants journalistes qui se drapent dans leur dignité bafouée pour justifioer des "conditions difficiles de travail" qui sont effectivement les leurs. Il faudrait qu’ils se posent aussi un peu plus volontiers la question de savoir POURQUOI les habitants leur en veulent autant. La presse est systématiquement du côté du pouvoir, on le sait, il n’est qu’à lire la formulation des articles : "l’enquête de l’IGPN a déterminé que" et en face "selon les habitants".
La parole du pouvoir vaut toujours plus que celle d’un couillon, surtout bougnoule.
Le mot d’Arendt transmis par Jean-Marie Guéant est fort juste, et je le fais circuler avec ce message (cf PJ)
De : Villiers le bel
lundi 3 décembre 2007