Ce désamour ne toucherait pas seulement le personnel politique, il serait prolongé par une méfiance de l’usager envers son administration. Décrétée ‘administration de droit’, soumise au contrôle du Gouvernement et du juge administratif, elle conserverait pourtant, dans son fonctionnement quotidien, quelques habitudes régaliennes qui appelleraient un rééquilibrage en faveur des citoyens. A cela s’ajouterait aujourd’hui les contre-effets du culte de la performance.
La Lettre du secteur public du 18 mars dernier recueille sur ce sujet l’avis du Professeur Jean-Bernard Auby, qui organise à l’ENA un colloque sur la ‘démocratie administrative’, cherchant à mesurer à quel point le sens du service public résiste au service du public, et quel est l’état des relations entre l’administration et les citoyens. Voici quelques extraits de l’entretien :
« […] Le souci d’améliorer la situation des citoyens dans leurs rapports quotidiens avec l’administration a commencé à devenir une préoccupation dans notre législation à partir des années 1970 : période dans laquelle ont été adoptées des lois phares sur l’accès aux documents administratifs, le Médiateur, la motivation des décisions administratives, etc. Par la suite, on a notamment multiplié les mécanismes au travers desquels les citoyens peuvent se prononcer sur les projets des collectivités locales : concertation, débat public, référendums locaux, …
« […] Malgré les progrès accomplis, … notre administration conserve à beaucoup d’égards des habitudes de type régalien. La thématique de la démocratie administrative vient imposer un effort supplémentaire de rééquilibrage des rapports avec les citoyens. Ce qui passe par une plus grande transparence des dossiers administratifs, par une plus fréquente consultation des citoyens sur les projets de décisions administratives […].
« […] l’exigence démocratique ne concerne pas que l’élection et le politique. Elle doit imprégner aussi constamment le fonctionnement quotidien de l’appareil public, y compris dans son volet administratif. »