Hommage à Fred Chichin

Publié le 03 décembre 2007 par Elie Prudhomme

Fred Chichin, guitariste et compositeur des Rita Mitsouko, est mort au matin du 28 novembre dans un hôpital parisien. Hommage à celui qui formait avec sa compagne, la chanteuse Catherine Ringer, l’un des groupes rock les plus importants de la scène française de ces vingt-cinq dernières années.



Né le 1er mai 1954, à Clichy, « Fred » a 14 ans quand il découvre Jimi Hendrix et décide d’apprendre la batterie et la guitare. Plus attiré par la vie de bohème que par les études, il prend la route destination France, Maroc, Angleterre et Pays Bas. Pour subvenir à ses besoins, Fred accumule les petits boulots : employé aux PTT, distributeur de prospectus, accompagnateur d’un marionnettiste, machiniste à l’Opéra, assistant dans un studio d’enregistrement et bruiteur au cinéma. De retour à Paris, il teste la musique expérimentale avant de se consacrer au rock au sein de formations comme Fassbinder ou Gasoline.
La rencontre
Les destins de Catherine Ringer et Fred Chichin se croisent au printemps 1979 lors d’une audition pour la comédie musicale, Flash rouge. A la vie comme à la scène, ils ne se quitteront plus. Le duo inaugure en novembre 1980, leur nom de Rita Mitsouko, mariant consonances latine et asiatique. Malgré l’échec commercial de leur premier maxi, Don’t Forget the Night, en 1981, l’exubérance du duo est repérée par la maison de disques Virgin. Leur premier album, Rita Mitsouko, sort en 1984, dont le single utra-dansant Marcia Baila est vendu à plus de 1 million d’exemplaires.


En 1986, les Rita s’émancipent du formatage anglo-saxon avec l’album The No Comprendo et ses nombreux tubes (Andy, C’est comme ça, Les Histoires d’A) produits par Tony Visconti. Ils peaufinent leur image en s’entourant, entre autre, de Jean Paul Gautier, Jean-Baptiste Mondino, ou Jean-Luc Godard.
Bien que les sorties de disque soient irrégulières, les Rita ne cessent de s’abreuver en nouvelles curiosités, explorent tous les courants musicaux, s’intéressant tour à tour au punk à la new wave, au hip hop ou au jazz qu’ils réinventent sans complexes (Marc et Robert, en 1988, Système D, en 1993 ; Cool Frénésie, en 2000 ; La Femme trombone, en 2002). Ils osent également prendre des risques scéniques comme leur collaboration avec le jazzman Archie Shepp, le compositeur Pierre Henry, les rappeurs d’Assassin ou lors de concerts au Théâtre des Champs-Elysées avec l’Orchestre des concerts Lamoureux ou dernièrement dans le parc du château de Versailles.


2007, le retour

Avec leur 7ème album Variéty, 2007 est l’année du grand retour. Plus sobre et classique, le disque reçoit un assez bon accueil critique. C’est en octobre dernier qu’on diagnostique le cancer de Fred Chichin et c’est seule que Catherine Ringer assure la tournée. Finalement, la maladie l’emportera le jour même où le groupe doit se produire à l’Olympia.


Complémentaires, Catherine et Fred l’étaient. D’un côté, la diva mal peignée, provocante et attachante à la voix très surprenante, de l’autre un dandy en retrait griffant sa guitare avec une certaine flemme attitude. Les Rita Mitsouko sans Fred Chichin, c’est Bonnie sans son Clyde, Birkin sans Gainsbourg,… On ignore encore quel avenir Catherine Ringer donnera à l’entité Rita Mitsouko… Mais, il nous suffit simplement d’écouter leur musique pour continuer à les faire vivre.
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