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Remerciements à ceux qui ont su ignorer le «non» au référendum de 2005 et nous imposer le traité qui mène aujourd'hui l'Europe dans le chaos.
Nous pourrions tout simplement transposer le nom de certaines banques à celui de certains pays, ainsi la Grèce se serait appelée Bear Stearns, le Portugal Merrill Lynch et l’Espagne Lehman Brothers, quant à Manuel Barroso, on aurait pu l’appeler Georges Sorros. Déjà, sans même disposer du TCE, le Traité de Lisbonne à peine mis en application, les actuelles institutions européennes n’ont pu éviter, pour ne pas dire qu’elles l’ont favorisé, la plus grande gabegie économique de l’histoire. De Tony Blair à Nicolas Sarkozy, en passant par Angela Merkel, Sylvio Berlusconi, Jose-Luis Zapatero, mais aussi Jean-Claude Juncker, Jean-Claude Trichet et l’ineffable Manuel Barroso, les dirigeants européens ont rivalisé de sévérité, ces dernières semaines, pour fustiger les « dérives du capitalisme financier » et « l’idée folle » de la liberté totale du marché. Après tout ce qu’ils nous avaient expliqué, « démontré », « prouvé », statistiques et analyses à l’appui, pour nous convaincre du contraire de ce qui est entrain de se produire durant la campagne référendaire de 2005, les voici qui fustigent aujourd’hui leurs arguments sacrés.
Comment faire confiance une seconde de plus à ces tricheurs et à ces menteurs pour sauver l’idéal européen. Le clan Bush aurait soudoyé des politiciens verreux pour saborder l’Europe que la stratégie eût été exactement la même. Quelle hypocrisie, et quel cynisme ! En pleine crise, ces postures tentent de faire oublier l’activisme de l’Union européenne en faveur de la dérégulation, de la déréglementation et d’une politique économique et monétaire tout entière tournée vers le soutien aux marchés financiers, au détriment de l’emploi, d’une croissance harmonieuse et du développement humain. Cette politique ultralibérale, aux racines de la crise actuelle, fut installée, durant les années Reagan, aux États-Unis, par les cercles prêchant la modernisation de la finance, le soutien à l’innovation et à la prise de risques, mais aussi, l’ouverture des marchés et la confiance dans les vertus autorégulatrices de ces derniers, sans oublier la libre circulation des capitaux, obsession barrosienne, c’est à dire l’arsenal complet des litanies nous ayant conduit à la catastrophe. Une doctrine popularisée par le redoutable groupe des Trente, où l’on retrouve des financiers privés et des banquiers centraux parmi, dont le moins inactif n’est pas Jean-Claude Trichet, actuel gouverneur de la Banque centrale européenne.
Autant de dogmes inscrits dans la lettre même des traités européens, notamment celui de Lisbonne, que Nicolas Sarkozy nous a imposé par voie parlementaire pour contourner le suffrage universel. Entrée en vigueur en Europe en 1990, la libre circulation des capitaux est devenue le socle économique de l’Union. Ainsi l’article 26 stipule bien que « Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des capitaux est assurée », et qui n’est autre que l’ex-article 14 du Traité constitutionnel européen de 2005. Ce n’est pas fini, car, à l’article 63, il est dit que « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites », un remake à peine allégé de l’article 56 du TCE. Une disposition incitant l’Union Européenne à légiférer au plus vite pour réaliser cet objectif. Comme toute dérogation à cette règle satanique, qui, aux yeux des anciens défenseurs du oui, constituerait une horrible régression, ne peut être approuvée qu’à l’unanimité des 27 (autant rêver), l’affaire est donc verrouillée.
Les exemples foisonnent. Prescrivant une libéralisation totale du système bancaire -celui-là vaut son pesant d’or- on lit à l’article 49 de Lisbonne (anciennement 43 dans le TCE) que « Les restrictions à la liberté d’établissement (financiers) sont interdites ». Et un dernier pour la route, trouvé à l’article 58 du Traité de Lisbonne, édicté pour faciliter la libre circulation des capitaux, qui institue « la libération des services des banques et assurances », c’est-à-dire la copie conforme de l’article 51 du TCE de 2005. Autant dire que cette législation, renforcée par l’impossibilité d’harmoniser fiscalement les fiscalités au sein de l’Union Européenne (Barroso y tient), laisse les mains totalement libres à tous les fonds spéculatifs et consacre officiellement la libéralisation absolue du grand système des marchés financiers. Voilà ce que voulaient nous imposer les propagandistes du oui en 2005.
Voilà ce que nous ont refilé les promoteurs du Traité de Lisbonne. Voilà où en est l’Europe. Voilà où nous en sommes. Il ne suffit plus de parer au plus urgent, il est urgent de traîner les coupables devant le tribunal de l’histoire. Pour sauver la France. Pour sauver l’Europe !
Rédigé par Périco Légasse le Jeudi 6 Mai 2010