Pour compléter les deux articles sur l'évolution du guerrier japonais (lire partie 1 et partie 2), j'ai récolté sur internet tout un ensemble de photos de samouraïs. Ces clichés ont été pris entre la fin du 19e et le début du 20e siècle et nous rappellent que les samouraïs ont bel et bien existé. Ma passion pour la photo m'a presque "obligé" a fouiller le web pendant des semaines pour retrouver ces images qui, je l'espère, vous parleront.
Photos d'archives précieuses
En regardant cet album, vous trouverez deux types de photos. Des clichés sur plaque de verre, des daguerréotypes, et d'autres sur plaque métallique. Mais c'est surtout la nature et le but des photos qui sont très différents. Un premier groupe consiste en des clichés d'archives. En effet, les premiers européens qui débarquent à la fin du 19e siècle, emportent avec eux quelques photographes. Ils vont photographier les derniers samouraïs, certes dans des poses très classiques selon les critères européens, mais ces images sont des archives précieuses aujourd'hui. Costumes, armes et armures, nous offrent une foule d'informations concrètes.
Que ce soit en tenue complète de combat, tenue héritée de leurs ancêtres car pas ou très peu usitée depuis la paix des Tokugawa, ou bien en tenue plus civile (kimono ou gi et hakama), on retrouve ce qui a été l'atmosphère du Japon à la naissance des shinbudo (judo, aïkido, karatedo).
J'aime beaucoup les images de groupes, comme celle des derniers rebelles Satsuma lors de la guerre du Boshin. Ces rebelles à l'empereur voulaient se battre pour rétablir leur rang dans un pays qui les avait reniés, se battre pour l'honneur, jusqu'au dernier.
Dans cette période trouble de la fin d'une époque et le début de l'ère Meiji, ce qui me frappe le plus ce sont les visages. Ils dégagent de la fierté, de la nostalgie, de la mélancolie aussi et lorsque l'on prend le temps de regarder profondément les yeux de certains samouraïs, on ne peut s'empêcher de comprendre qu'ils savaient qu'ils étaient les derniers de leur caste.
Photos souvenirs
L'art de l'estampe et du dessin au Japon a permis très tôt une culture de l'image, et ce, dans toutes les couches de la population. Les photographies des occidentaux ont connus rapidement un vif succès auprès des japonais tout comme des collectionneurs européens. La mode en Europe étaient alors aux chinoiseries, dans lesquelles on incluait en vrac, tout ce qui provenait de Chine, d'Indochine, de Corée et du Japon. Devant ce succès, toute une génération de locaux vont se former et devenir des photographes à part entière. Certains d'entre eux ne vont pas hésiter à se déguiser en samouraï et se mettre eux-même en scène (ci-dessous Nobukuni Enami, connu sous le nom de T. Enami).
Les japonais, dans leur esprit conservateur, voulaient garder avec eux des scènes qui disparaissaient de plus en plus vite autour d'eux. C'est pourquoi le second ensemble de photos montrent des scènes reconstituées où les personnes sont en fait des personnages déguisés. Vous reconnaîtrez ces clichés grâce aux couleurs sépias ou aux plaques colorisées à la main, mais surtout au grain fin de l'image.
De la photo souvenir à la photo fantasme, il n'y a qu'un pas et c'est ainsi que l'on trouve des clichés de femmes samouraïs. Or, à cette époque il n'existait plus de femmes guerrières depuis longtemps.
Quoi qu'il en soit, ces images sont les témoins d'un passé pas si lointain, et dont les transformations gigantesques ont bouleversées de fond en comble le pays. Ces transformations sont résumées dans ce dernier cliché.