Ah la belle agitation des gouvernants européens pour tenter de calmer le feu, que dis-je l’incendie de la spéculation ! Et de lâcher ici et là que c’est la faute des agences de notations et des requins de la finance qui profitent honteusement d’une situation de faiblesse. Pourtant à regarder de plus près, ces attaques spéculatives sont salutaires, elles mettent en lumière l’égoïsme des nations, l’absence de réelle et commune politique européenne et la gabegie des gouvernements depuis plus trente ans.
Nos démocraties, affaiblies par des visions à court terme, le clientélisme et l’incurie d’un personnel politique préoccupé par ses prébendes, croulent sous des montagnes de dettes impossibles à rembourser.
La situation des Grecs, mais aussi des ItaIiens, des Portugais, des Espagnols, des Anglais, des Français et de tant d’autres pays européens, n’est que le résultat d’un aveuglement collectif à croire que les Etats sont une poche sans fond dans laquelle il suffit de puiser. Nous vivons au crochet de systèmes gérés par des politiciens qui se moquent comme d’une guigne de l’avenir et achètent les électeurs. Mais les populations ne sont pas plus raisonnables de croire que tout va s’arranger sans douleur et qu’il suffit de descendre dans la rue pour brailler. Les spéculateurs sont l’aiguillon salvateur pour contraindre les Etats à stopper la dilapidation et les peuples à sortir de leur torpeur naïve.
Quoi qu’il en soit, la deuxième crise qui secoue l’Europe va empêcher toute possibilité de sortir de l’ornière de la première crise. Avec une très faible croissance attendue, les Etats n’ont aucune marge de manoeuvre sinon d’engager un violent serrage de ceinture qui devra se maintenir pendant de longues années, au moins jusqu’en 2015. Pendant ce temps-là, les pays émergents auront pris une telle avance que l’Europe affaiblie incarnera vraiment ce qu’elle est aux yeux du monde : un vieux, très vieux continent peuplé de retraités sans pension…