Le destin d’une femme insoumise : Stromboli, un chef-d’oeuvre de Roberto Rossellini, 1950.
Karen, incarnée par la sublime Ingrid Bergman filmée par celui qui l’aime, accepte d’épouser Antonio, un pêcheur italien, pour échapper à l’emprisonnement qui suit la Seconde Guerre Mondiale (elle a eu une liaison avec un allemand). Elle l’accompagne donc sur l’île au volcan, Stromboli. Île aride, aux habitants superstitieux et méfiants issus d’une culture patriarcale qui accepte mal l’étrangère.
Elle tentera alors de lutter contre la double oppression : celle des lieux (village insulaire assimilé à une prison et terre hostile) et celle de la communauté ; en commençant par de petits actes, puis, après avoir échoué, en fuyant finalement, grimpant au péril de sa vie sur le volcan en feu, brûlée par le soleil, dans une prière peut-être vaine, car à la fin du film, on ne sait pas si elle survivra et réussira son échappée ou si elle mourra, sur la montagne de feu, ou en renonçant à sa liberté. Problématique qui se retrouve dans le film Respiro, italien lui aussi, dont on avait parlé ici ; la parenté entre les deux films apparaît évidente (île aride, femme trop libre pour une culture patriarcale, issue incertaine…)
Une héroïne tragique, filmée dans toute l’âpreté de sa destinée mais qui trace la route pour toutes les femmes, leur reconnaît le droit au libre-arbitre et au divorce.
Pour une analyse philosophico-sensori-motrice (!), écoutez Gilles Deleuze là.
sealmaiden:
Gordon Parks
Ingrid Bergman at Stromboli, 1949