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L’appel (Jules Supervielle)

Par Arbrealettres
L’appel (Jules Supervielle)


Les dames en noir prirent leur violon
Afin de jouer, le dos au miroir.

Le vent s’effaçait comme aux meilleurs jours
Pour mieux écouter l’obscure musique.

Mais presque aussitôt pris d’un grand oubli
Le violon se tut dans les bras des femmes

Comme un enfant nu qui s’est endormi
Au milieu des arbres.

Rien ne semblait plus devoir animer
L’immobile archet, le violon de marbre,

Et ce fut alors qu’au fond du sommeil
Quelqu’un me souffla: «Vous seul le pourriez,
Venez tout de suite.»

(Jules Supervielle)


Illustration:
Benjamin Walter



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