J'allai à un séminaire catholique de rite byzantin, juste pour assister à la célébration des vêpres. Ce n'était pas une messe, seulement de la prière avec des prosternations, de l'encens, des icônes, des odeurs et des cloches. Après la cérémonie, un séminariste me demanda : « Qu'en pensez-vous ? » Je marmonnai simplement : « Maintenant je sais pourquoi Dieu m'a donné un corps : pour adorer le Seigneur avec son peuple par la liturgie ! »
Je rentrai à la maison, pensif et demandant à Dieu son aide. J'espérais encore trouver le défaut fatidique qui me retiendrait de "traverser le Tibre", comme nous disions, ou de virer au "papisme".
Aussi, je regardai du côté de l'Eglise orthodoxe. Je rencontrai Peter Gilquist, un évangéliste converti à l'église orthodoxe d'Antioche, pour me faire expliquer pourquoi il avait préféré l'orthodoxie à Rome. Ces raisons confirmèrent ma perception que le protestantisme était dans l'erreur, mais sa défense de l'orthodoxie contre le catholicisme me parut insatisfaisante et superficielle. En examinant les choses de plus près, je découvris que les diverses Eglises orthodoxes étaient aussi désespérément divisées entre elles que les protestants, sauf que les orthodoxes étaient divisés en fonction de nationalismes ethniques. Il y avait des groupes orthodoxes qui se disaient grecs, russes, ukrainiens, roumains, bulgares, hongrois, serbes et ainsi de suite. Ils coexistaient depuis des siècles, mais plutôt comme une famille de frères qui ont perdu leur père.
Une étude plus poussée me conduisit à la conclusion que l'orthodoxie avait une liturgie est une tradition merveilleuse, mais une théologie stagnante. De plus, je fus convaincu qu'elle contenait des erreurs de doctrine, du fait qu'elle avait rejeté certains enseignements de l'Ecriture Sainte et de l’Eglise catholique, en particulier la mention du filioque ("et du Fils") qui avait été ajoutée au Symbole de Nicée. En outre, leur rejet du pape comme tête de l'Eglise semblait davantage motivée par des raisons de politique impériale que par des considérations proprement théologiques. Ceci m'aida à comprendre pourquoi, à travers leur histoire, les chrétiens orthodoxes avaient tendance à mettre l'Empereur et l'État au-dessus de l'Evêque et de l'Eglise (ce qu'on nomme le "césaropapisme"). Il m'a paru que la Russie avait récolté les fruits de la perspective orthodoxe tout au long du vingtième siècle.