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L’idyllique en italique

Publié le 08 mai 2010 par Fred Desbordes

Je suis au coeur d'un anti-cyclone amoureux. Le ciel est dégagé, la température idéale, l'accord parfait entre l'océan et les nuages. Et me voici, moi, menant ma barque sur ces eaux vagues tranquilles de l'atlantique nord entre deux êtres qui s'aiment. Je n'en fais pas parti, non, je suis juste un élément du décor. Tout comme mon chien d'ailleurs, qui du coup se retrouve avec plusieurs maîtres. En spectatrice privilégiée d'une idylle romantique, je m'interroge.

Tenez ce soir, j'ai entendu un mot doux échangé. Ce pourrait être un “mon chéri”, un “mon amour” et autre qualificatif destiné à… quoi d'ailleurs ? Quel est donc cet étrange besoin de possession et d'appartenance ? Je me suis brusquement souvenue du jour où l'hibiscus m'avait appelé “chérie”. On était devant chez moi, sur le trottoir, l'hibiscus dans sa voiture et on se disait au revoir. Ce “chérie” m'avait légèrement chatouillé les oreilles, comme si, en somme, il marquait une étape dans notre relation amoureuse. Ces mots là, dans un texte, je les mettrais en italique parce qu'ils sonnent chez moi, comme une drôle de clochette. Un léger signal, loin d'une sonnette d'alarme mais ils éveillent tout de même mes sens.

Oui, je mettrais ces mots là en exergue, pour bien souligner l'importance de ces petites phrases sans importance. Comme la fois où l'on m'a dit à peu près dans ces termes : “oui, moi aussi je vais passer derrière le comptoir pour t'aider”. En référence à ma collègue, dont l'amie passait régulièrement derrière le comptoir du café pour donner un coup de main. Mon amie voulait s'affirmer dans notre relation en évoquant la même situation. Et moi, j'insistais pour que personne ne vienne derrière mon comptoir. Sur le moment je n'avais pas relevé, cette étrange affirmation dans la relation. Alors que j'assiste en temps réel à une romance, je comprends mieux maintenant.

On peut être un imposteur amoureux, facteur des jours heureux sans conséquence, considérer que tout n'est qu'un jeu et quand on s'ennuie on arrête de jouer. On peut être amoureux mais se garder que cela ne devienne trop sérieux, au cas où, juste au cas où on s'appellerait “chérie” en se séchant les cheveux pendant qu'elle se brosse les dents.  On peut être amoureux sans se risquer un orteil dans cet océan de possibilités multiples et hasardeuses. On peut être amoureux et ne rien dévoiler, on ne sait jamais ou cela pourrait bien nous mener, l'imposteur amoureux n'envoie rien par la poste et se méfie toujours des chéries. Au cas où l'une d'elle aurait sa peau.

Je comprends mieux maintenant.


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