Savoir être pour savoir agir en situation de crise

Les situations de crise appellent communément des solutions "pour sortir de la crise". Cette approche place implicitement au premier plan le savoir et le savoir faire. Elle démontre chaque jour un peu plus son inefficacité.

Nous n'avons pas encore suffisamment conscience que les crises nous interpellent d'abord sur la nécessaire transformation de nos esprits.  Elles sont des signaux paroxystiques d'injonction au changement de nos représentations et de nos comportements. Chercher en priorité  "comment sortir de la crise" ne doit pas occulter un impératif tout aussi urgent : apprendre les nouveaux savoir-être pour savoir agir face à l'incertitude, à la complexité et à l'imprévisiblité.

L'actualité récente illustre de manière frappante cette réalité. Qu'il s'agisse de la crise financière, de la grippe H1 N1, de la tempête Xynthia ou des cendres volcaniques les questions essentielles qui devraient faire débat sont celles qui paradoxalement sont le moins posées.

Elles concernent bien le savoir-être de toutes les parties prenantes ; Quels sont les acteurs dont on reconnaît l'autorité face à une crise ? Sur quels critères se fonde leur légitimité et  leur crédibilité ? Quelle est la responsabilité des médias dans la représentation que l'on se fait de la réalité ? Sur quelles données se construit cette réalité médiatique en situation de crise ? Quelle est la responsabilité de chaque citoyen dans sa relation au risque ? Sur quels critères partagés estime-t-on qu'un risque est acceptable ?

Ces questions et bien d'autres de même nature imposent la remise en cause de nos certitudes et de nos systèmes de représentation. Elles doivent conduire à l'acquisition d'un nouveau savoir-être et des comportements qui en découlent. C'est désormais un enjeu majeur qui déterminera la capacité des acteurs et des sociétés à faire face aux crises à venir.